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Dans la nuit du 26 au 27 janvier 2025, la commune de Kenscoff a été le théâtre d’un massacre sanglant perpétré par des bandits armés de la coalition criminelle Viv Ansanm. Cette attaque, qui a coûté la vie à des dizaines de civils, aurait pu être évitée si les autorités avaient pris au sérieux les multiples alertes émises par la population et les élus locaux. Pourtant, malgré les avertissements répétés et les signes avant-coureurs de l’assaut, les forces de l’ordre n’ont pas réagi à temps, laissant le champ libre aux criminels, a dénoncé la Fondation Je Klere (FJKL).
Selon la fondation ce drame met en lumière l’inaction coupable de l’État haïtien et de ses représentants, qui n’ont pas su assurer la protection de leurs citoyens. La passivité des autorités dans la gestion de cette crise sécuritaire suscite des interrogations sur leur réelle volonté de combattre la montée en puissance des gangs armés.
Des alertes ignorées par les autorités
Plusieurs jours avant l’attaque, des rumeurs persistantes circulaient sur les réseaux sociaux annonçant une offensive imminente des gangs. Les habitants de Kenscoff, conscients du danger, avaient signalé à plusieurs reprises la présence suspecte d’individus armés infiltrant progressivement la commune. Face à cette menace croissante, la mairie avait pris des mesures préventives, comme l’instauration d’un couvre-feu et la restriction de la circulation des motocyclettes, souvent utilisées par les criminels pour leurs attaques.
Malgré ces signaux d’alerte, la police nationale a fait preuve d’un laxisme inacceptable selon FJKL. Le commissaire de Kenscoff, Charles Jean Robert, a minimisé les avertissements et affirmé, quelques heures avant le massacre, que la situation était sous contrôle. Cette assurance s’est révélée dramatique, car dans la nuit fatidique, aucune force de sécurité n’était présente pour protéger les habitants.
Vers trois heures du matin, les bandits ont investi plusieurs quartiers de Kenscoff, semant la terreur sur leur passage. Sans rencontrer la moindre résistance, ils ont pillé et incendié des maisons, assassinant des familles entières. La brutalité de l’attaque est d’autant plus choquante que certains habitants ont été brûlés vifs dans leurs propres demeures, a retracé la fondation.
La police, pourtant informée de la menace, est arrivée sur les lieux bien après les faits. Ce n’est qu’à partir du 27 janvier que des renforts, incluant la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS), ont été déployés. Mais il était trop tard : les criminels avaient déjà consolidé leur contrôle sur certaines zones stratégiques de la commune.
Un État en faillite face à l’insécurité grandissante
Pour la FJKL, le massacre de Kenscoff n’est pas un cas isolé. Il s’inscrit dans un cycle de violence où l’État semble impuissant, voire complice, face à l’expansion des gangs armés. En décembre 2024, ces mêmes criminels avaient tenté de s’emparer de Pétion-Ville avant d’être repoussés par la population et la police. Leur repli stratégique sur Kenscoff montre une volonté de contrôle territorial afin d’encercler la capitale et de renforcer leur influence sur les axes routiers clés.
L’incapacité des autorités à prévenir ces attaques interroge sur leur engagement réel à rétablir l’ordre public. La Fondasyon Je Klere (FJKL) dénonce avec fermeté cette passivité et exige des mesures concrètes pour éviter que de telles tragédies ne se répètent.
Le massacre de Kenscoff aurait pu être évité si les autorités avaient assumé leurs responsabilités. En minimisant les avertissements et en tardant à réagir, elles ont abandonné la population à son sort. Pour la fondation, ce drame rappelle l’urgence d’une réforme profonde des institutions sécuritaires et d’une lutte déterminée contre les gangs armés.