
Le récent scandale entourant la nomination de Lornick Léandre en tant que ministre conseiller à l’ambassade d’Haïti aux Bahamas suscite une vive indignation et met en lumière les failles profondes du système de gouvernance haïtien. Cette décision, en contradiction flagrante avec les principes de probité et de transparence, remet en cause la crédibilité des autorités haïtiennes dans leur prétendue volonté de lutter contre la corruption. En dépit de son inculpation dans le scandale de corruption entre la BNC et le conseil présidentiel de transition, Lornick Léandre a été scandaleusement nommé ministre conseiller à l’ambassade d’Haïti aux Bahamas.
Un passé entaché de corruption
Lornick Léandre a été explicitement mentionné dans un rapport accablant de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), publié le 2 octobre 2024. Ce document met en évidence son implication dans une affaire de corruption majeure liée à la Banque Nationale de Crédit (BNC). Selon les conclusions de l’ULCC, Léandre aurait joué un rôle déterminant dans une tentative de versement de pots-de-vin visant à maintenir Pascal Raoul Pierre-Louis à la présidence de la BNC.
Plus précisément, trois conseillers présidentiels – Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles – auraient exigé la somme astronomique de 100 millions de gourdes en échange du maintien de Pierre-Louis à son poste. Lornick Léandre aurait activement participé à ces tractations illicites, mettant en lumière un réseau d’influence et de pratiques corruptives au sein des hautes sphères de l’État.
Un mépris flagrant des institutions judiciaires
Face à ces accusations graves, le juge d’instruction Félismé Benjamin a pris des mesures judiciaires fermes en émettant, le 24 décembre 2024, des mandats d’amener à l’encontre de Lornick Léandre et Pascal Raoul Pierre-Louis. Ces derniers devaient répondre à des chefs d’accusation de détournement de fonds et d’abus de confiance. Pourtant, en dépit de ces décisions de justice, les concernés ont refusé de comparaître devant les tribunaux, défiant ainsi l’autorité judiciaire haïtienne.
Qui pis est, aucune interpellation n’a été effectuée, laissant transparaître une impunité systémique qui gangrène les institutions étatiques. Ce refus d’exécuter les mandats d’amener constitue une violation manifeste du principe de séparation des pouvoirs et discrédite davantage le système judiciaire haïtien.
Une nomination qui bafoue les principes de bonne gouvernance
Dans un contexte où la corruption est un fléau majeur en Haïti, la décision d’accorder à Lornick Léandre un poste de haut rang au sein de la diplomatie haïtienne est une insulte aux principes de bonne gouvernance et de transparence. Cette nomination illustre une tendance inquiétante où des individus impliqués dans des scandales de corruption bénéficient de promotions au lieu d’être traduits en justice.
D’un point de vue diplomatique, cette décision jette le discrédit sur la politique extérieure haïtienne et risque de détériorer les relations internationales du pays. Il est inconcevable qu’un individu sous le coup d’accusations aussi graves puisse représenter Haïti auprès d’un État étranger.
Une urgence pour la restauration de l’État de droit
Cette affaire met en évidence une réalité alarmante : l’État de droit en Haïti est constamment piétiné par une classe politique qui privilégie ses intérêts personnels au détriment de la justice et de l’intérêt général. L’impunité, devenue la norme, mine la confiance du peuple envers ses dirigeants et perpétue un cycle de corruption qui asphyxie le pays.
Il est impératif que des mesures concrètes soient prises pour inverser cette tendance désastreuse. La justice haïtienne doit affirmer son indépendance et exiger que les décisions judiciaires soient exécutées sans ingérence politique. De plus, la société civile et les organismes internationaux doivent accentuer la pression pour exiger des comptes aux autorités en place.
La nomination de Lornick Léandre à un poste diplomatique stratégique n’est pas un simple fait divers, mais le symptôme d’un mal profond qui gangrène la gouvernance en Haïti. Ce choix doit être annulé sans délai, sous peine d’envoyer un message clair : la corruption et l’impunité restent les piliers fondamentaux du pouvoir en Haïti.
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