Nomination controversée de Lornick Léandre à l’Ambassade d’Haïti aux Bahamas: le RNDDH exige une rétractation immédiate

Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a adressé ce vendredi 14 mars 2025, une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, demandant la rétractation de la nomination de Lonick Léandre au poste de ministre conseiller à l’Ambassade d’Haïti aux Bahamas. Cette nomination, officialisée le 20 janvier 2025 et validée par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, suscite de vives préoccupations en raison des antécédents judiciaires de l’intéressé.

Le RNDDH rappelle que Lonick Léandre fait partie des cinq inculpés dans le scandale de corruption impliquant la Banque Nationale de Crédit (BNC). Selon le rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), transmis à la justice le 2 octobre 2024, une enquête approfondie a mis en évidence des pratiques frauduleuses et des malversations financières. Parmi les autres inculpés figurent les conseillers présidentiels Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire, Louis Gérald Gilles ainsi que l’ancien président du Conseil d’Administration de la BNC, Raoul Pascal Pierre-Louis.

L’enquête a révélé que Lonick Léandre avait joué un rôle central dans les négociations ayant conduit à l’octroi de pots-de-vin. En effet, il a réservé la chambre 408 de l’hôtel Royal Oasis à Pétion-Ville, où s’est tenue une réunion secrète le 25 mai 2024. Lors de cette rencontre, les conseillers présidentiels ont imposé leurs conditions à Raoul Pascal Pierre-Louis, scellant ainsi l’entente de corruption.

Des avantages financiers obtenus illégalement

L’un des faits marquants du dossier est l’octroi d’une carte de crédit préapprouvée à Lonick Léandre, en dehors des procédures réglementaires de la BNC. Cette carte, attribuée le 15 mai 2024 sur demande expresse de Raoul Pascal Pierre-Louis, avait initialement une limite de 900 000 HTG, portée à 1 125 000 HTG deux jours plus tard. En moins d’un mois, entre le 18 mai et le 11 juin 2024, Léandre a dépensé la somme de 546 921,60 HTG, obligeant la banque à bloquer la carte pour non-paiement.

Selon l’ULCC, cette carte de crédit, obtenue dans des conditions opaques, constitue un pot-de-vin, et Léandre est considéré comme instigateur de cette pratique, conformément à l’article 5.6 alinéa 2 de la Loi du 12 mars 2014 sur la prévention et la répression de la corruption.

Un mépris flagrant envers la justice haïtienne

Le dossier de corruption de la BNC est actuellement sous instruction judiciaire, et un mandat de comparution a été émis à l’encontre de Lonick Léandre le 5 décembre 2024 par le magistrat instructeur Benjamin FÉLISMÉ. Cependant, l’intéressé n’a pas répondu à cette convocation, affichant ainsi un mépris total envers la justice haïtienne.

Le RNDDH dénonce fermement la décision du gouvernement de transition et du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qui, selon l’organisation, favorise la corruption et l’impunité. La présence au sein du CPT des trois conseillers présidentiels inculpés constitue déjà un signal négatif pour la gouvernance du pays. Cette nouvelle nomination ne fait que renforcer cette image déplorable.

Face à cette situation, le RNDDH exhorte le ministre des Affaires étrangères à revenir sur sa décision et à retirer immédiatement Lonick Léandre de ses fonctions diplomatiques. L’organisation insiste sur l’urgence de cette rétractation afin de préserver un minimum de crédibilité dans la lutte contre la corruption et l’impunité en Haïti.

Le RNDDH dit espérer une prise de décision rapide et ferme de la part du ministre Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, tout en réaffirmant son engagement à dénoncer toute forme de malversation au sein de l’administration publique.

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