Quand les garants de la sécurité deviennent des bourreaux : l’IGPNH annonce des mesures contre les policiers agresseurs

L’agression du professeur Williamson St-Fleur par des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) illustre une dérive inquiétante du maintien de l’ordre dans le pays. Alors que la population attend protection et justice de ses forces de sécurité, elle se retrouve face à un appareil répressif qui, trop souvent, bafoue les droits fondamentaux des citoyens. Cette violence policière, filmée et partagée sur les réseaux sociaux, choque et soulève des interrogations sur la gouvernance sécuritaire actuelle.

L’Inspection Générale de la PNH a rapidement réagi en annonçant des mesures conservatoires contre les trois policiers impliqués dans cet acte, ainsi qu’une enquête visant à faire toute la lumière sur l’incident. Cette réponse, bien que nécessaire, ne suffit pas à apaiser les inquiétudes des citoyens, qui voient dans cet événement un symptôme d’un problème bien plus profond : l’impunité et l’absence de contrôle effectif sur les forces de l’ordre. Les actes de brutalité policière ne sont pas isolés et semblent s’inscrire dans une tendance où les représentants de l’État abusent de leur pouvoir au détriment de ceux qu’ils devraient protéger.

Ce dérapage survient lors d’une manifestation pacifique organisée à l’occasion de la Fête du Drapeau et de l’Université, une date symbolique pour le pays. Que signifie alors la commémoration de ces valeurs si ceux qui devraient les défendre s’en prennent à ceux qui les revendiquent? L’enseignant, venu réclamer de meilleures conditions de travail, s’est retrouvé victime d’un appareil répressif censé garantir l’ordre et la sécurité. Ce paradoxe ne fait qu’amplifier la crise de confiance qui s’installe entre la population et les institutions chargées de faire respecter la loi.

La question qui se pose maintenant est la suivante : au-delà des sanctions individuelles contre quelques policiers, y aura-t-il une réforme structurelle pour mettre fin à ces abus? La population ne peut rester indéfiniment otage d’un système où les forces censées la protéger deviennent elles-mêmes une menace. Les autorités doivent montrer une volonté réelle d’assurer une gouvernance sécuritaire qui protège, et non qui oppresse, au risque d’aggraver encore davantage la fracture entre la société et ses institutions.

La Rédaction