
Alors que l’ONU tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la recrudescence des violences sexuelles en Haïti, le gouvernement de transition peine à proposer une réponse efficace à cette crise qui ne cesse de s’aggraver. Le rapport de Pramila Patten, représentante spéciale de l’ONU sur les violences sexuelles en période de conflit, met en lumière un phénomène alarmant : le viol est désormais utilisé par les gangs comme une arme de terreur contre la population.
Depuis le début de l’année 2025, les signalements de viol et d’esclavage sexuel se multiplient, particulièrement dans les zones sous contrôle des gangs. Ces exactions touchent majoritairement les femmes et les jeunes filles, souvent agressées chez elles ou dans des espaces publics. Pourtant, les autorités haïtiennes continuent d’afficher une incapacité flagrante à restaurer un semblant d’ordre et à garantir la protection des victimes.
La mise en place de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité, censée appuyer les forces nationales, demeure largement insuffisante. Le déploiement limité et la lenteur des opérations compromettent l’efficacité de cette initiative, laissant le champ libre aux milices armées.
D’un point de vue judiciaire, l’adoption récente du décret instaurant des unités spécialisées, dont l’une dédiée aux crimes de masse tels que le viol, représente une avancée. Cependant, son application concrète reste à prouver. En l’absence de financements suffisants et d’un cadre juridique rigoureux, les chances d’aboutir à des condamnations significatives sont minces.
Le gouvernement de transition, déjà décrié pour son manque de leadership et de stratégie, semble dépassé par l’ampleur du drame qui se joue sous ses yeux. Son incapacité à mobiliser les ressources nécessaires pour répondre à cette crise témoigne d’un échec patent de la gouvernance et d’un mépris envers les populations les plus vulnérables.
Les promesses répétées de rétablissement de la sécurité et de lutte contre l’impunité restent sans effet tangible. Pendant ce temps, des milliers de femmes et de jeunes filles continuent d’être exposées à des atrocités, sans aucune protection de l’État.
Si les autorités haïtiennes n’accélèrent pas l’implémentation des mesures annoncées et ne prennent pas des décisions fermes et immédiates, cette crise humanitaire risque de dégénérer encore davantage. Il est temps pour la communauté internationale d’exercer une pression accrue sur le gouvernement haïtien afin qu’il assume enfin ses responsabilités face à cette tragédie nationale.
La Rédaction