
Le parti politique haïtien Les Engagés pour le Développement (EDE) a adressé une lettre officielle au secrétaire d’État américain Marco Rubio pour dénoncer la récente décision de Washington d’interdire l’entrée sur le territoire américain à des ressortissants de douze pays, dont Haïti. Signée par Claude Joseph, président du Conseil stratégique, et Claude Édouard, secrétaire général, cette correspondance exprime une profonde inquiétude face à une mesure jugée brutale et inéquitable.
Selon un communiqué émis récemment par la Maison-Blanche, cette interdiction vise les pays présentant un taux élevé de dépassement de visa, notamment les visas B1/B2 et étudiants. Pour Haïti, ces taux atteindraient respectivement 31,38 % et 25,05 %. En réponse, EDE reconnaît les impératifs de sécurité des États-Unis, tout en critiquant une mesure “aveugle” qui, selon le parti, ne distingue pas les profils à risque des citoyens respectueux des lois.
EDE rappelle par ailleurs sa récente position conjointe avec les signataires de l’Accord du 21 décembre, appelant à la désignation de certains groupes armés haïtiens comme organisations terroristes. Une initiative saluée par les autorités américaines et perçue comme un pas important dans la lutte contre l’insécurité en Haïti.
Mais pour le parti, cette coopération en matière de sécurité ne peut justifier une politique migratoire aussi rigide, qui ne tient pas compte de la crise humanitaire profonde à laquelle fait face le pays.
Dans un plaidoyer nourri de références historiques, EDE évoque les causes structurelles de l’instabilité haïtienne, notamment la dette de l’indépendance imposée par la France en 1825, soutenue à l’époque par les puissances occidentales. Cette dette, selon le parti, a entravé durablement le développement du pays et justifie en partie l’exode des jeunes générations vers l’étranger.
Le parti lance un appel à la coopération plutôt qu’à l’exclusion
Et met également en lumière la contribution significative de la diaspora haïtienne aux États-Unis, notamment dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et des services. Les transferts d’argent effectués par cette communauté représentent plus de 20 % du PIB haïtien, un soutien vital pour des millions de familles.
La lettre rappelle aussi un épisode marquant de l’histoire partagée entre Haïti et les États-Unis : la vente de la Louisiane en 1803, rendue possible par la défaite des troupes napoléoniennes face aux révolutionnaires haïtiens. Un rappel destiné à souligner les liens historiques et géopolitiques profonds entre les deux nations.
En conclusion, EDE invite l’administration américaine à faire preuve de discernement et d’humanité. Le parti réclame une révision ou un assouplissement ciblé de la mesure d’interdiction, afin d’épargner les étudiants, les professionnels, les malades et les familles en détresse, tout en maintenant les objectifs de sécurité.