Renforcement de l’emprise du secteur privé sur l’État : Enomy Germain critique l’accord entre l’État et Sunrise Airways

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Le 5 juin 2025, l’État haïtien a signé un accord avec Sunrise Airways pour relancer les vols domestiques au départ de Port-au-Prince vers plusieurs villes du pays. Cette décision, qui prévoit une garantie financière pouvant atteindre 11 millions de dollars américains, suscite des réactions contrastées. L’économiste Enomy Germain s’est exprimé à ce sujet dans un tweet, dénonçant une politique qui, selon lui, renforce l’emprise du secteur privé sur l’État.

Pour Germain, cette mesure s’apparente à une subvention déguisée à un monopole, imposant un double fardeau aux citoyens. D’une part, ils subissent des prix élevés sans concurrence réelle, et d’autre part, ils doivent supporter cette aide financière via leurs impôts.

L’économiste souligne également que cette aide ne résout ni l’insécurité ni la précarité persistante en Haïti. Au contraire, elle consolide la position dominante de Sunrise Airways, privant les consommateurs d’une alternative compétitive. L’absence de concurrence, ajoute-t-il, empêche toute régulation naturelle des prix et des services.

Un problème d’aléa moral est aussi soulevé dans son analyse. Sunrise Airways pourrait choisir de maintenir son activité sous perfusion étatique sans optimiser ses coûts. Plus grave encore, Germain met en garde contre une dynamique perverse : tant que l’insécurité perdure, la compagnie pourrait continuer à bénéficier des fonds publics, créant ainsi une incitation indirecte à ne pas voir la situation s’améliorer.

Dans une note officielle, Sunrise Airways précise que les fonds seront fournis par le ministère de l’Économie et des Finances et débloqués uniquement en cas d’incident ou de catastrophe liée à l’insécurité. Cette clarification n’atténue cependant pas les critiques des observateurs, qui y voient une manœuvre renforçant les intérêts privés au détriment des solutions structurelles.

Pour Germain, cet accord illustre la capture de l’État par le secteur privé, un phénomène déjà observé dans d’autres sphères économiques et politiques. Il conclut en affirmant que cette décision, bien qu’intentionnelle, témoigne d’une gestion qui privilégie les élites économiques plutôt que l’intérêt général.

La Rédaction