Le président du Brésil relance le débat sur la dette coloniale envers Haïti

« Haïti ne peut pas être éternellement punie pour avoir été la première nation des Amériques à devenir indépendante. » C’est par cette formule forte que le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a ouvert son discours au Sommet Caraïbes-Brésil, le 13 juin dernier.

En évoquant la rançon de l’indépendance imposée par la France en 1825, Lula a ravivé un débat historique longtemps ignoré sur la scène diplomatique.

Le chef d’État brésilien a qualifié cette dette de « saignée historique » ayant privé Haïti de ses ressources pendant plus d’un siècle. Il s’est engagé à porter devant les instances internationales une bataille pour la restitution de cette indemnité, affirmant que le Brésil se tiendrait aux côtés d’Haïti dans cette quête de justice.

Ce plaidoyer s’inscrit dans une vision plus large : celle d’un plan de reconstruction fondé sur la souveraineté et la dignité. Lula a proposé l’élaboration d’un plan national de développement, mobilisant la communauté internationale autour d’une stratégie de réparation et de stabilité durable.

Il a également dénoncé l’indifférence prolongée de nombreux gouvernements à l’égard d’Haïti, qu’il a qualifiée de « punition historique » pour avoir aboli l’esclavage et conquis son indépendance. « Quel péché Haïti a-t-elle commis ? » a-t-il lancé, en référence à l’isolement diplomatique et économique du pays depuis deux siècles.

Dans cette optique, le soutien à la Police nationale haïtienne — avec la formation de 400 agents — et le renforcement de la MMAS sont présentés non comme des gestes techniques, mais comme des actes de réparation concrète. Lula appelle à une solidarité fondée sur la reconnaissance des torts passés, et non sur la seule logique humanitaire.

La Rédaction