Mission du CPT en péril : Frinel Joseph dénonce les dérives internes du Conseil Présidentiel de la Transition

Dans une lettre adressée à ses collègues du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), datée du 16 juin 2025, le conseiller-observateur Frinel Joseph dénonce un climat de blocage institutionnel, de méfiance croissante et de dérives internes qui menacent la mission même de la transition. Il appelle à une prise de conscience urgente, rappelant que le CPT est né d’un consensus historique pour sortir Haïti de l’impasse politique et sécuritaire, et qu’il ne reste que huit mois avant l’échéance du 7 février 2026.

Dans sa correspondance, Frinel Joseph revient sur les avancées réalisées — nomination de deux Premiers ministres, mise en place du CEP, lancement du processus constitutionnel — mais déplore l’absence de cohésion, l’inefficacité des mécanismes de régulation interne, et surtout, l’ignorance répétée des recommandations des membres observateurs. Il critique notamment l’échec de l’adoption d’un code d’éthique, le refus de publier une note de clarification sur les allocations financières controversées, et les tensions liées à la présidence tournante, qu’il qualifie de violation de l’accord du 3 avril 2024.

Au-delà de ces griefs, la lettre intervient dans un contexte de querelles ouvertes entre plusieurs membres du CPT. Des sources proches du Conseil confirment que des désaccords profonds opposent Fritz Alphonse Jean à Leslie Voltaire, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, notamment autour de la répartition des postes consulaires à l’étranger. Ces nominations, perçues comme des récompenses politiques, alimentent les rivalités et fragilisent davantage la collégialité du Conseil.

Par ailleurs, le scandale autour de la Banque Nationale de Crédit (BNC) continue de jeter une ombre sur la crédibilité du CPT. Trois conseillers sont soupçonnés d’avoir tenté de rançonner l’institution publique. Selon plusieurs témoignages relayés dans les médias, Fritz Alphonse Jean aurait exprimé en interne le souhait que ces trois membres se retirent du Conseil afin de préserver l’intégrité de la transition. Aucune décision officielle n’a été prise à ce sujet, mais les tensions sont palpables.

Face à cette impasse, Frinel Joseph propose une série de mesures concrètes : une retraite d’urgence pour vider les contentieux, une rencontre avec les forces vives du pays, une communication régulière à la population, et la tenue rapide d’un Conseil des ministres pour doter le CEP d’un décret référendaire. Il conclut en appelant ses collègues à dépasser les clivages et à se recentrer sur leur responsabilité historique. Reste à savoir si cet appel trouvera écho dans un Conseil de plus en plus fracturé.

La Rédaction