La population du Plateau Central coupe l’alimentation de Péligre après les promesses de sécurité non tenues de Fritz Jean

La capitale haïtienne replonge une fois de plus dans l’obscurité. Port-au-Prince et ses communes avoisinantes sont privées d’électricité, conséquence directe d’une action menée par des habitants du Plateau Central, en réaction aux promesses de sécurité à Mirebalais non tenues par le Conseil présidentiel de transition (CPT).

Ces derniers ont délibérément interrompu l’alimentation de la centrale hydroélectrique de Péligre, en guise de protestation contre l’inaction des autorités face à l’insécurité croissante dans leur région.

Les protestataires estiment qu’il est inacceptable que la capitale bénéficie de l’électricité alors que leur commune est abandonnée aux mains des gangs. Leur message est clair : « Pas de sécurité, pas de courant. »

Cette décision radicale a plongé des centaines de milliers de personnes dans le noir, affectant les hôpitaux, les commerces, les écoles et les services essentiels.

Retour sur les promesses de Fritz Jean

Ce n’est pas la première fois que Port-au-Prince subit une panne généralisée. En mai 2025, après une première interruption de l’alimentation électrique due à des attaques contre Péligre, le président du Conseil présidentiel de transition, Fritz Jean, s’était adressé à la nation.

Il avait rapporté qu’à l’issue de longues discussions avec des membres de la population du Plateau Central, un engagement avait été pris pour assurer le bon fonctionnement de la centrale de Péligre.

Après avoir félicité les habitants pour leur sens de la responsabilité, Fritz Alphonse Jean avait promis que le CPT et le gouvernement allaient s’asseoir pour apporter une réponse concrète et bénéfique pour tous face à la violence des gangs.

Il avait également annoncé qu’une visite du CPT sur le terrain serait effectuée dans un avenir proche pour faire avancer les choses.

Fritz Jean avait aussi souligné la mobilisation d’unités spécialisées, notamment la Brigade de sécurité des aires protégées (BSAP), pour appuyer les opérations de sécurisation dans les zones sensibles. Ces propos, relayés dans plusieurs médias haïtiens, avaient momentanément apaisé les inquiétudes d’une population lassée par les promesses non tenues.

Cependant, ces engagements n’ont pas été suivis d’actions concrètes. Depuis cette déclaration, la situation sécuritaire dans le Plateau Central, notamment à Mirebalais et Saut-d’Eau, s’est détériorée. Face à l’indifférence des autorités, les habitants se disent contraints de poser des actes symboliques forts pour attirer l’attention de l’État.

Au-delà de la coupure de courant, cette crise traduit l’ampleur de la désintégration de l’autorité publique. L’électricité devient un instrument de revendication dans un pays où l’accès aux services les plus fondamentaux est incertain.

En coupant Péligre, les citoyens de Mirebalais posent une question dérangeante mais essentielle : faut-il priver la capitale pour espérer être entendus en province ?

La Rédaction