
Dans un rapport remis au Conseil de sécurité le 9 juin, un groupe d’experts onusiens dresse un constat sévère selon lequel les groupes criminels consolident leur emprise en Haïti, profitant de l’inertie des autorités de transition. L’incapacité du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du gouvernement de facto dirigé par Alix Didier Fils à agir avec fermeté aurait laissé le champ libre aux gangs pour occuper de larges portions du territoire.
Ce vide de pouvoir favorise une escalade inquiétante : les groupes armés dictent désormais leurs lois dans des zones stratégiques, notamment à Port-au-Prince, neutralisant l’autorité de l’État. Le rapport souligne que la réponse institutionnelle, désorganisée et fragmentaire, reste largement inefficace face à cette menace croissante.
Au cœur du marasme, la corruption est décrite comme une pratique enracinée. Des agents publics détournent les fonds de l’État en toute impunité, tandis que des membres du CPT cités dans des scandales continuent d’occuper leurs postes, sans qu’aucune sanction ne soit engagée. Pour les experts, cela illustre un effondrement des mécanismes de reddition de comptes.
Autre volet préoccupant : le trafic illégal d’anguilles, exploité par des groupes criminels avec la complicité de figures bien placées. Ce commerce clandestin génère des revenus substantiels, témoignant de la sophistication croissante des réseaux mafieux.
Ce rapport dessine les contours d’un État paralysé, vulnérable face à la montée du crime organisé. Les experts de l’ONU appellent à une mobilisation rapide de la communauté internationale pour éviter une dérive irréversible de la situation sécuritaire et humanitaire du pays.
La Rédaction