Les 29 Derniers Jours de Fritz Jean à la Tête du CPT : Chronique d’une Stratégie du Chaos

Par notre rédaction

Ce qui devait être une phase de transition apaisée pour sortir Haïti de l’impasse politique s’est transformé en une arène de confrontation, de suspicion, et de paralysie institutionnelle. Au centre de cette crise interne : Fritz Alphonse Jean, ancien gouverneur de la Banque centrale, intellectuel respecté mais devenu, selon plusieurs sources internes, l’architecte d’une stratégie du chaos. Retour sur les 29 derniers jours d’un mandat troublé à la tête du Conseil Présidentiel de Transition (CPT).

Un leadership contesté dès le départ

Nommé président du CPT en mai 2024, Fritz Jean avait suscité l’espoir d’un leadership posé et rationnel. Mais très vite, les tensions émergent. Ses prises de position jugées rigides, opaques et parfois unilatérales ont engendré un climat de méfiance croissante au sein du conseil.

Le blocage systématique comme méthode

Durant les dernières semaines de son mandat, plusieurs sources proches du processus affirment que Fritz Jean a délibérément retardé ou bloqué des décisions cruciales, notamment :

La nomination du Premier ministre de consensus, constamment repoussée malgré un accord majoritaire au sein du CPT.

La relance de l’Hôpital Général de Port-au-Prince, retardée sans justification claire alors que les fonds et les autorisations étaient prêts.

Le dossier de sécurité, où il aurait saboté des pourparlers avec des partenaires internationaux en exigeant de nouvelles conditions jugées irréalistes.

Des alliances troubles et une posture de sabotage

Selon plusieurs observateurs, Fritz Jean aurait discrètement noué des alliances avec certains secteurs conservateurs et des groupes d’intérêts économiques, qui voyaient d’un mauvais œil l’accélération du processus de transition.

Sa proximité avec certains hommes d’affaires du secteur bancaire et son absence de dénonciation publique des groupes armés dans les zones sensibles alimentent cette thèse d’une stratégie visant à désorganiser pour mieux peser sur la suite.

Une sortie sans honneur

Face à la pression publique et aux critiques internes devenues insoutenables, Fritz Jean a été poussé à la démission le 29 juin 2025. Il n’a laissé aucune feuille de route, aucun rapport officiel, aucun signal d’apaisement.

Le pays, lui, reste englué dans un vide institutionnel, et les conséquences de ses manœuvres continuent de se faire sentir : déstabilisation des mécanismes électoraux, perte de confiance dans le CPT, et montée de l’exaspération populaire.

L’héritage d’un chaos programmé ?

Certains membres du Conseil parlent aujourd’hui d’un « Fritzgate » : une opération de blocage orchestrée de l’intérieur pour torpiller toute avancée vers une élection démocratique et crédible. Si cette hypothèse est confirmée, elle placerait Fritz Jean au centre d’un des plus grands scandales de transition de l’histoire contemporaine d’Haïti.

Les 29 jours qui ont précédé son départ ne relèvent pas d’une simple mésentente politique. Ils s’inscrivent dans une logique de chaos, savamment entretenue, au mépris de l’intérêt général. Pour de nombreux citoyens haïtiens, le nom de Fritz Jean restera désormais associé non pas à la stabilité promise, mais à la déroute orchestrée.