
Une lettre signée par huit sénateurs démocrates américains vient de jeter une lumière crue sur une situation explosive : des opérations militaires en Haïti seraient menées par une société privée américaine sous contrat avec le gouvernement de transition haïtien. Les parlementaires demandent au gouvernement Trump de s’expliquer sur la légalité et la cohérence de cette implication.
Selon le New York Times, la société en question serait dirigée par Erik Prince, le fondateur controversé de Blackwater. Ce contrat prévoirait l’envoi de drones armés, d’armes de guerre et d’environ 150 contractuels militaires américains pour neutraliser les gangs qui sévissent à Port-au-Prince.
Le recours à des mercenaires privés rappelle les dérives passées. Blackwater s’est tristement illustrée en 2007 avec le massacre de Nisour Square à Bagdad. Erik Prince, déjà accusé de violer à plusieurs reprises les règles encadrant l’exportation de services militaires, est de nouveau sous les projecteurs.
Les sénateurs rappellent que ces opérations nécessitent des autorisations selon les lois ITAR et AECA. Ils demandent si des licences ont été accordées et si une évaluation conforme à la directive NSPM-10 a été faite, notamment concernant les risques pour la paix internationale et les droits humains.
En parallèle, la lettre met en garde contre un possible contournement de la loi Leahy. Cette loi interdit aux États-Unis de soutenir des forces impliquées dans des violations graves des droits humains. La Police nationale haïtienne, bien que bénéficiaire d’aides américaines, est régulièrement accusée de bavures et d’exactions.
Dans ce contexte, les Nations unies soutiennent une mission multinationale de sécurité (MSS), mais l’initiative privée des mercenaires américains pourrait nuire à cette approche coordonnée.
Les sénateurs dénoncent également l’incohérence de la politique migratoire américaine : d’un côté, l’administration Trump met fin au TPS pour les Haïtiens, les jugeant aptes à rentrer dans leur pays ; de l’autre, elle interdit l’entrée de ces mêmes ressortissants au motif que leur pays est trop dangereux.
Les parlementaires réclament des réponses concrètes d’ici le 15 août : les licences ont-elles été accordées ? Les forces haïtiennes sont-elles conformes aux critères Leahy ? Qui contrôle réellement l’intervention des mercenaires ? Autant de questions qui, selon eux, engagent la responsabilité légale et morale des États-Unis.
La Rédaction