
Les portes de l’ambassade des États-Unis en Haïti se sont refermées dans l’urgence le 4 août 2025. Non pas pour cause de protocole, mais sous la pression des rafales qui ont secoué les alentours dès l’aube. Tout près du bâtiment diplomatique, les tirs ont résonné comme un rappel brutal : ici, la sécurité n’est ni garantie ni négociable.
Le département d’État américain a ordonné la suspension immédiate des opérations, laissant derrière lui un silence chargé d’inquiétude.
Cette fermeture survient dans un climat où les États-Unis eux-mêmes avaient affirmé, sous l’administration Trump, que la situation en Haïti s’était « stabilisée ». C’est sur cette base que des milliers de migrants haïtiens ont été expulsés, renvoyés vers un pays que Washington jugeait « sûr ».
Pourtant, le repli de l’ambassade expose une dissonance flagrante entre les discours politiques et la réalité du terrain. Ce n’est plus une question de perception, mais de survie.
Les groupes armés « Viv Ansanm » et « Gran Grif », désormais classés comme entités terroristes internationales par les autorités américaines, ne se contentent plus de contrôler des quartiers : ils dictent le rythme de la vie, et parfois de la mort. L’ambassade, censée incarner la stabilité et la coopération, devient un bastion assiégé, contraint de battre en retraite.
Derrière les murs de béton et les vitres blindées, les employés de l’ambassade vivent dans une tension permanente. La peur n’est plus une émotion passagère, mais une donnée quotidienne.
La décision de fermeture révèle une fois de plus une vulnérabilité institutionnelle qui s’installe depuis quelque temps du côté des États-Unis. Elle marque un tournant : même les représentants étrangers ne sont plus à l’abri dans ce qu’on appelait autrefois la capitale administrative.
En expulsant des Haïtiens vers un pays qu’elle fuit elle-même, l’administration américaine se heurte à ses propres contradictions. La fermeture de l’ambassade n’est pas qu’un geste technique : elle est une déclaration involontaire.
Elle dit que Haïti n’est pas un lieu de retour, mais un champ de bataille. Et elle expose, sans détour, l’échec d’une politique migratoire fondée sur des diagnostics erronés et des calculs diplomatiques à courte vue.
La Rédaction