Le Premier ministre Garry Conille a rapidement réagi fermement à sa destitution par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Lors d’une déclaration officielle, il a contesté la légitimité de cette décision, affirmant qu’elle ne repose sur aucune base légale.
Le 7 novembre 2024, le CPT a initié le remplacement du Premier ministre Garry Conille par Alix Didier Fils-Aimé, une décision que le chef du gouvernement actuel qualifie de “flagrante violation” des textes juridiques en vigueur. Selon lui, cette décision va à l’encontre de la Constitution haïtienne, notamment l’article 158, qui stipule que seul le Parlement peut révoquer le Premier ministre, soit par démission, soit par une motion de censure.
“Un abus de pouvoir”
Le Premier Ministre a souligné que l’Accord du 3 avril 2024 et le Décret du 27 mai 2024, qui encadrent la transition actuelle, ne confèrent pas au CPT le pouvoir de destituer un chef de gouvernement en exercice. “Aucun texte légal ne permet au Conseil Présidentiel de me révoquer. Cette décision constitue un abus de pouvoir mettant en péril notre démocratie”, a-t-il déclaré.
Il rappelle également que, selon l’article 37 du décret régissant le CPT, une telle mesure ne pourrait être prise que sur la base d’un rapport officiel de l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG). Or, à ce jour, aucune procédure de ce type n’a été entamée.
Une situation de crise aggravée
Cette crise politique intervient alors que le pays traverse une période d’instabilité aiguë. Haïti est confronté à une montée en puissance des gangs armés, une insécurité généralisée, une crise alimentaire sévère et des déplacements massifs de populations.
“Dans ce contexte, le respect des accords de transition est plus que jamais crucial”, a averti le chef du gouvernement Garry Conille. Il estime que la nomination controversée d’un nouveau titulaire de la Primature pourrait aggraver encore la situation, en sapant les efforts de stabilisation déjà fragiles.
Un appel au dialogue et à l’unité
Malgré les tensions, le Premier ministre a choisi d’appeler au calme et à la responsabilité. “Je ne céderai pas à la division. J’invite tous les acteurs politiques et sociaux à se rallier autour de l’Accord du 3 avril 2024 pour garantir une transition pacifique”, a-t-il insisté.
Il réaffirme son engagement à œuvrer pour la paix et la stabilité du pays, promettant de collaborer avec toutes les parties prenantes en faveur d’une gouvernance démocratique et inclusive.
La déclaration du Premier Ministre met en lumière les tensions croissantes au sein des institutions de transition en Haïti, alors que le pays continue de faire face à des défis humanitaires et sécuritaires sans précédent.