Haïti : 3 scénarios pour sortir de la crise proposés par des parties prenantes

La crise politique et sécuritaire en Haïti atteint des sommets inquiétants, avec un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) décrédibilisé et des institutions en difficulté. Face à cette situation, trois parties prenantes majeures – le Collectif des Partis Politiques du 30 janvier, les Engagés pour le Développement (EDE) et les signataires de l’Accord du 21 décembre – ont soumis le 8 janvier 2025, une proposition conjointe pour redresser le pays et tracer une voie vers des élections transparentes et une gouvernance stable.

Le pays fait face à une crise multidimensionnelle, exacerbée par la dégradation sécuritaire et le discrédit croissant du CPT. Depuis sa création, cette institution n’a pas répondu aux attentes, accumulant échecs et scandales en seulement huit mois d’existence. Lors de la rencontre du 16 décembre 2024, facilitée par le Groupe des Éminentes Personnalités (GEP) de la CARICOM, un consensus s’est dessiné autour de la nécessité de restructurer ou remplacer cet organe central.

Une Proposition Structurée en Trois Scénarios

Les trois parties prenantes ont élaboré des propositions détaillées, visant à répondre aux attentes de la population et à rétablir la stabilité institutionnelle :
Présidence Collégiale : Une structure de gouvernance formée de trois membres, représentant la Cour de cassation, la société civile et le secteur politique. Cette option, bien que prometteuse, pourrait être freinée par des défis logistiques et politiques complexes.
Reconfiguration du CPT : Trois nouvelles personnalités indépendantes seraient désignées par des sous-groupes issus des neuf entités signataires de l’Accord du 3 avril 2024, pour insuffler une nouvelle dynamique.
Correction du CPT actuel : Maintien des membres non impliqués dans des scandales, avec des ajustements pour garantir son efficacité. Ce scénario vise à limiter les perturbations tout en corrigeant les failles du système.

Une évaluation rapide conduite avec le soutien d’organisations internationales (ONU, BID, UE, etc.) a révélé que 1,34 milliard de dollars seraient nécessaires pour réparer les dégâts causés par les gangs armés entre 2021 et 2024. Les objectifs prioritaires de cette proposition sont : le rétablissement de la sécurité publique, la tenue d’élections inclusives d’ici février 2026, la restauration de la souveraineté nationale et de la confiance en l’État.

Cette nouvelle transition implique un processus en deux phases : le départ du CPT actuel, jugé inapte à répondre aux défis du pays et la mise en place d’un nouvel organe de transition, basé sur des critères de compétence, d’intégrité et d’austérité, tout en respectant le calendrier électoral initial.

La crise actuelle offre une opportunité de redéfinir la gouvernance en Haïti. Quelle que soit l’option choisie, son succès repose sur la capacité des acteurs politiques et sociaux à construire un consensus responsable. L’objectif est clair : garantir un processus politique pacifique, rétablir l’autorité de l’État, protéger les citoyens et organiser des élections crédibles pour février 2026. Cette proposition conjointe est une étape cruciale pour sortir le pays de l’impasse, selon les initiateurs.