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Le 7 juillet 2021, Haïti a été le théâtre d’un événement d’une gravité exceptionnelle : l’assassinat du président Jovenel Moïse en sa résidence privée. Cet acte, d’une brutalité inouïe, demeure à ce jour entouré de nombreuses zones d’ombre, tant sur l’identité de ses véritables commanditaires que sur les complicités internes et internationales qui auraient facilité sa réalisation. Dans un message adressé le 10 février 2025, au président des États-Unis, Donald Trump, l’ancienne Première dame, Martine Moïse, exprime avec force son exigence de justice et de transparence, soulignant les enjeux politiques et institutionnels liés à ce drame.

L’élection de Jovenel Moïse à la présidence d’Haïti, avait suscité de vives tensions dès son investiture, le 7 février 2017. Son programme de réformes économiques ambitieuses visait à lutter contre la corruption et à réduire l’influence des oligarchies économiques qui, selon lui, captaient à leur seul bénéfice les ressources du pays. Cette politique volontariste a entraîné de vives oppositions, notamment parmi les élites traditionnelles et certains secteurs influents de la scène politique haïtienne.

Mme Moïse établit un parallèle entre la situation de son époux et celle de Donald Trump, affirmant que tous deux ont été la cible d’attaques coordonnées visant à discréditer leur action. Toutefois, là où les campagnes de déstabilisation se sont limitées à des accusations et controverses aux États-Unis, en Haïti, elles ont culminé par une violence extrême : une exécution en pleine nuit, au sein même du domicile privé du président. L’ancienne Première dame rappelle qu’elle-même a été gravement blessée lors de cette attaque, tandis que leurs enfants ont échappé de justesse à un sort funeste. Depuis cette nuit tragique, elle déclare avoir fait l’objet de plusieurs nouvelles tentatives d’assassinat.

Plus de trois ans après les faits, aucune procédure judiciaire crédible n’a permis d’identifier et de juger les commanditaires de l’assassinat du président Moïse, déplore Martine Moïse. Bien que plusieurs arrestations aient eu lieu, l’absence de résultats concrets dans l’enquête alimente les soupçons d’une manipulation orchestrée par des intérêts politiques et économiques puissants, a-t-elle condamné.

Martine Moïse va plus loin en affirmant que les auteurs intellectuels de cet assassinat contrôlent aujourd’hui les pouvoirs exécutif et judiciaire d’Haïti, gouvernant le pays en s’appuyant sur des groupes criminels. Cette affirmation, d’une extrême gravité, met en lumière une crise institutionnelle profonde, où l’État de droit semble avoir cédé la place à un régime de facto, dirigé par des intérêts non élus et soutenu par des groupes armés semant la terreur parmi la population.

Un appel à la déclassification des documents incriminant


Dans son message, l’ancienne Première dame sollicite l’intervention de Donald Trump pour obtenir la déclassification des documents du FBI et du Département d’État américain relatifs à l’assassinat de son époux. Une telle démarche permettrait, selon elle, de révéler les implications internationales potentielles dans cette affaire et d’identifier les complicités ayant facilité ce crime.

Cette demande s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe, où les États-Unis ont toujours exercé une influence majeure sur la politique haïtienne. L’administration américaine, bien que publiquement engagée en faveur de la justice, n’a jusqu’à présent pas rendu accessibles les informations dont elle dispose sur cette affaire.

Martine Moïse plaide également pour le respect des dispositions constitutionnelles haïtiennes, notamment l’article 149 de la Constitution, qui stipule qu’en cas de vacance présidentielle, le pouvoir exécutif doit être confié à un Premier ministre jusqu’à l’organisation de nouvelles élections. Selon elle, seule une transition légitime et constitutionnelle permettrait de rétablir l’ordre public, d’éradiquer l’influence des gangs et d’ouvrir la voie à des élections libres et transparentes.

La gouvernance actuelle, marquée par l’absence de légitimité démocratique, la montée en puissance des groupes criminels et l’effondrement des institutions, compromet gravement la stabilité du pays, selon Martine Moïse. Sans un retour à l’ordre constitutionnel et à un fonctionnement judiciaire indépendant, l’impunité entourant l’assassinat de Jovenel Moïse ne pourra que renforcer la défiance de la population et prolonger le cycle de violence qui ronge Haïti, a-t-elle martelé.

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