
Un projet de contrat entre l’État haïtien et la firme privée de sécurité Vectus Global suscite déjà de vives réactions dans la société civile. Le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH), par la voix de son responsable Me Gédéon Jean, dénonce ce qu’il qualifie de dérive et exhorte les autorités à faire preuve de prudence et de respect de la légalité.
Dans une mise au point rendue publique, Me Jean reconnaît que le pays traverse une situation d’insécurité sans précédent, marquée par l’emprise croissante des gangs armés sur de vastes portions du territoire. Toutefois, il estime que la solution ne réside pas dans la délégation de la souveraineté nationale à une firme étrangère privée, mais plutôt dans le renforcement des forces de l’ordre haïtiennes.
« Oui, Haïti a besoin de sécurité et du rétablissement de la paix, mais cela doit passer par l’appui institutionnel à la Police nationale d’Haïti et par une stratégie durable qui tienne compte des réalités locales », a déclaré le militant de droits humains.
Rappelant l’expérience des dernières décennies, le directeur du CARDH a souligné qu’entre 1993 et aujourd’hui, le pays a connu plus d’une dizaine de missions onusiennes et multinationales, sans qu’aucune d’elles n’ait permis d’établir une sécurité pérenne. Pour lui, la répétition de solutions importées et temporaires n’a fait qu’aggraver la dépendance du pays face à l’international.
Face à cette situation, le CARDH invite le gouvernement de transition à ne pas apposer sa signature sur ce contrat jugé « néfaste » pour Haïti à l’heure actuelle. Me Gédéon Jean prévient que la conclusion d’un tel accord risquerait de créer un précédent dangereux, en réduisant encore plus la marge de manœuvre des institutions nationales et en fragilisant davantage la souveraineté de l’État.
Selon lui, l’urgence ne doit pas servir de prétexte à des décisions précipitées. Il appelle plutôt à un dialogue national inclusif permettant de définir une politique sécuritaire cohérente et adaptée, tout en sollicitant l’appui technique et logistique de partenaires internationaux dans le strict respect de la Constitution et des lois haïtiennes.
Le CARDH exhorte les autorités intérimaires à tirer les leçons des échecs passés et à privilégier des solutions locales, afin que la quête de sécurité ne se transforme pas en une nouvelle dépendance aux intérêts extérieurs.
La Rédaction