Haïti traverse une crise d’une gravité sans précédent. Les groupes criminels, de plus en plus organisés, contrôlent près de 85 % de Port-au-Prince et ses environs, exerçant leur emprise sur les infrastructures essentielles et terrorisant la population. Selon les Nations Unies, ces groupes sont responsables de plus de 4 500 décès depuis le début de l’année et de milliers de cas de violences sexuelles, notamment des viols collectifs. Par ailleurs, 700 000 personnes sont déplacées, et la moitié de la population lutte pour accéder à la nourriture. Au cœur de cette crise sans précédent, Human Rights Watch dans un article publié ce lundi 9 décembre, appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à transformer rapidement la MMAS en une mission robuste de maintien de la paix.
Face à cette situation de crise interminable, la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), déployée en juin 2024 sous commandement kényan, peine à répondre aux besoins en raison d’un manque criant de ressources. Actuellement, seuls 400 des 2 500 officiers prévus ont été déployés, et le financement reste largement insuffisant.
Dans ce contexte, Human Rights Watch appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à transformer rapidement la MMAS en une mission robuste de maintien de la paix. Selon Ida Sawyer, directrice de la division Crises, conflits et armes de l’organisation, cette mission doit être fondée sur le respect des droits humains et s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité.
Le gouvernement haïtien, soutenu par des acteurs internationaux comme les États-Unis et le G7, a formellement demandé en septembre 2024 une intervention accrue de l’ONU. Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, est pressé de formuler des recommandations concrètes pour accélérer la transformation de la MMAS.
Les attentes du peuple haïtien
Pour de nombreux Haïtiens, la situation est devenue insoutenable. Une jeune fille de 15 ans, devenue sans-abri après l’assassinat de ses parents, a témoigné de l’urgence de l’aide internationale. « Nous avons besoin que quelqu’un vienne nous sauver des bandits », a-t-elle déclaré, exprimant une peur constante face à la violence omniprésente.
L’ONU se trouve à un tournant crucial. En autorisant une mission solide et bien financée, elle peut répondre aux aspirations des Haïtiens à une vie en sécurité et dans la dignité. Au-delà du rétablissement de la sécurité, une telle mission doit s’attaquer aux racines profondes de l’instabilité en renforçant les institutions et en soutenant la gouvernance démocratique. Comme le rappelle Ida Sawyer, « Haïti ne peut plus attendre ».