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Dans une déclaration choc, le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé a révélé que le gouvernement était pleinement informé des préparatifs d’une attaque criminelle contre la commune de Kenskoff, avant que celle-ci ne se produise. Cette révélation, faite lors d’une conférence de presse tenue le jeudi 30 janvier 2025 au siège de la Direction générale de la Police nationale d’Haïti (DGPNH), a jeté une lumière crue sur les dysfonctionnements de l’État face à la crise sécuritaire qui ravage le pays.

« Les services de renseignement de la PNH, de la Primature, du ministère de la Justice et du ministère de l’Intérieur étaient au courant de l’attaque », a affirmé Fils-Aimé. Pourtant, malgré ces avertissements, aucune mesure préventive n’a été prise pour empêcher le drame. Le Premier ministre a même laissé planer le doute en s’interrogeant publiquement : « Pourquoi, malgré les avertissements, rien n’a été fait pour empêcher l’attaque ? »

Cette question, loin d’être rhétorique, ouvre la porte à des interrogations plus profondes sur la gestion de la sécurité publique en Haïti. L’État était-il réellement impuissant face à la menace, ou a-t-il délibérément choisi de ne pas intervenir ? Cette déclaration met en lumière une crise de leadership et une incohérence troublante au sommet de l’État.

Le contexte dans lequel cette déclaration a été faite est tout aussi révélateur. Lors de la conférence de presse, le Premier ministre était entouré des principales figures du système de sécurité haïtien : Patrick Pélissier, ministre de la Justice ; Paul Antoine Bien-Aimé, ministre de l’Intérieur ; Mario Andrésol, secrétaire d’État à la Sécurité publique ; et Rameau Normil, directeur général de la PNH. Cette présence conjointe des responsables de la sécurité nationale rend d’autant plus incompréhensible l’inaction du gouvernement face à une menace pourtant identifiée.

Cette situation paradoxale soulève une question essentielle : comment expliquer une telle défaillance de la part de ceux qui sont censés assurer la sécurité des citoyens ? Le Premier ministre, en tant que chef du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN), semble n’avoir pris aucune mesure préventive, malgré les informations dont il disposait.

En soulignant que le gouvernement était informé de la menace sur Kenskoff, ville natale de Rameau Normil, le Premier ministre semble implicitement remettre en cause la gestion de la crise par le directeur général de la PNH. Cette déclaration prend une signification particulière dans un contexte où, en novembre 2024, des rumeurs faisaient état de la volonté du chef du gouvernement de remplacer Normil à la tête de la police. Bien que cette décision ait été rejetée par certains membres du CSPN, il est évident que des tensions existent au sein de l’appareil sécuritaire.

L’attaque contre Kenskoff, survenue le 27 janvier, a été d’une brutalité inouïe. Les gangs de la coalition terroriste « Viv ansanm » ont tué plus de 50 personnes et incendié près de 60 maisons, selon les autorités locales. Pourtant, des rumeurs circulaient déjà une semaine avant l’attaque, annonçant une offensive imminente. Certaines mesures préventives avaient été mises en place par les autorités communales, notamment un couvre-feu et la suspension d’événements culturels. Mais ces efforts se sont révélés insuffisants, la réponse des autorités locales étant bien trop faible pour éviter la tragédie.

Bien que les services de renseignement aient été parfaitement informés des intentions des criminels, aucune action concrète n’a été entreprise pour les stopper avant qu’ils ne passent à l’acte. Ce n’est qu’après le carnage que les autorités ont déployé des forces policières dans la commune.

Depuis l’attaque, les autorités ont intensifié leurs efforts pour reprendre le contrôle de la zone, envoyant des unités spécialisées telles que le BOID, le SWAT, l’UTAG et le BLTS. La police a indiqué avoir éliminé une vingtaine de criminels lors d’une opération menée après l’attaque, sous la supervision du directeur général de la PNH. Cependant, la réalité sur le terrain est bien plus complexe : les gangs ont déjà pris le contrôle de plusieurs secteurs difficiles d’accès, rendant toute intervention policière extrêmement compliquée.

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