Gustavo Petro reconnaît que son pays est en partie responsable de la déstabilisation d’Haïti

Le président colombien Gustavo Petro a récemment déclaré que la région du Catatumbo, située à la frontière avec le Venezuela et connue pour sa production de cocaïne, joue un rôle clé dans l’aggravation de la crise en Haïti. Lors d’un conseil des ministres retransmis à la télévision, il a affirmé que « le Catatumbo finance la déstabilisation de la République d’Haïti », mettant ainsi en lumière les liens entre le narcotrafic et l’instabilité haïtienne.

Un circuit de drogue alimentant l’instabilité en Haïti

Selon Gustavo Petro, la cocaïne produite dans le Catatumbo transite rapidement par la Haute Guajira avant d’atteindre Haïti en quelques heures. De là, elle est expédiée vers Miami, l’un des principaux marchés de la drogue aux États-Unis. Ce trafic illicite alimente non seulement les violences des gangs en Haïti, mais contribue également à affaiblir les institutions du pays, plongé dans une crise sécuritaire et politique persistante.

Le président colombien a insisté sur le rôle de ce corridor du narcotrafic dans l’augmentation des conflits internes en Haïti. Il a également souligné que la lutte contre ces réseaux criminels ne pouvait pas se limiter aux frontières de la Colombie, mais devait faire l’objet d’une coopération internationale renforcée.

Pour contrer l’influence du narcotrafic, le gouvernement colombien a annoncé un ambitieux programme d’éradication de la coca dans le Catatumbo. L’objectif est de détruire 25 000 hectares de cultures en 140 jours. Contrairement aux méthodes répressives privilégiées par les précédents gouvernements, ce plan repose sur une éradication volontaire, avec des compensations financières pour les agriculteurs acceptant de remplacer la coca par des cultures légales.

Ce programme s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire la violence et à affaiblir les groupes armés qui profitent du commerce de la drogue. En parallèle, le gouvernement prévoit des opérations militaires continues contre les factions rebelles et une amélioration des infrastructures routières pour favoriser le commerce légal dans la région.

La région du Catatumbo est l’un des territoires les plus affectés par le conflit armé en Colombie. La présence de groupes rebelles, dont l’Armée de libération nationale (ELN) et des dissidences des FARC, ainsi que des organisations criminelles liées au narcotrafic, a conduit à une situation de violence extrême.

Selon les chiffres officiels, plus de 36 000 personnes ont été déplacées de force en raison des affrontements entre groupes armés, tandis que 80 autres ont été tuées dans des attaques récentes. Le président Petro a dénoncé les tactiques de l’ELN, qui, selon lui, reproduisent les stratégies paramilitaires du passé en forçant les populations locales à quitter leurs terres.

Une reconnaissance de la responsabilité colombienne en Haïti

Dans ce contexte, Gustavo Petro a également évoqué la relation entre la Colombie et Haïti, rappelant que plusieurs anciens militaires colombiens avaient été impliqués dans l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse en 2021. Le chef de l’État a présenté ses excuses officielles à Haïti, soulignant l’engagement de son gouvernement à collaborer avec les autorités haïtiennes pour garantir la justice et lutter contre les réseaux criminels transnationaux.

Les déclarations de Gustavo Petro s’inscrivent dans une stratégie géopolitique plus large. La Colombie, en tant que principal pays producteur de cocaïne au monde, joue un rôle clé dans la lutte contre le narcotrafic. L’impact de la drogue ne se limite plus à son territoire, mais s’étend à toute la région, en particulier à Haïti, devenu une plaque tournante du trafic vers les États-Unis.

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