
L’affaire de l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, survenu dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, connaît un nouveau rebondissement avec les révélations fracassantes de Dimitry Hérard. Ancien commandant de l’unité spéciale de la garde du Palais National, il affirme aujourd’hui détenir des informations clés sur les véritables instigateurs du meurtre. Dans une déclaration retentissante, il accuse plusieurs acteurs, dont des institutions américaines, des figures du secteur privé haïtien, et une frange de la classe politique locale.
Un complot international révélé
Dimitry Hérard affirme que l’assassinat de Jovenel Moïse ne fut pas un simple acte de violence politique, mais un complot soigneusement orchestré avec la participation d’acteurs nationaux et internationaux. Selon lui, le département d’État américain, des membres influents du secteur privé haïtien, une partie de la classe politique locale, ainsi que des institutions de renseignement américaines telles que la CIA et le FBI auraient joué un rôle crucial dans cette conspiration.
Il met également en cause Léon Charles, directeur général de la Police Nationale d’Haïti (PNH) au moment des faits, et l’ambassade des États-Unis en Haïti, qui, selon lui, auraient facilité le déroulement du crime en détournant l’attention des forces de sécurité.
Le facteur géopolitique: la Russie au cœur des tensions
L’une des révélations les plus troublantes de Hérard concerne les raisons qui auraient motivé cet assassinat. Il affirme que Jovenel Moïse aurait été exécuté pour avoir accepté les lettres de créance d’un ambassadeur russe en Haïti. Cet acte diplomatique aurait suscité l’ire de Washington, voyant d’un mauvais œil un rapprochement potentiel entre Haïti et la Russie.
Cette hypothèse s’inscrit dans un contexte international tendu, où les États-Unis tentent d’endiguer l’influence croissante de la Russie en Amérique latine et dans les Caraïbes. Si ces accusations sont avérées, elles pourraient mettre en lumière une nouvelle dimension géopolitique du crime, dépassant largement les frontières haïtiennes.
Un coup d’État avorté : une implication directe des États-Unis ?
Dimitry Hérard affirme également avoir été sollicité par un fonctionnaire du gouvernement américain pour orchestrer un coup d’État le 7 février 2021, soit cinq mois avant l’assassinat de Jovenel Moïse. L’objectif de cette tentative de renversement aurait été d’écarter le président en douceur avant d’avoir finalement recours à une exécution brutale.
Dans cette optique, les États-Unis auraient envoyé une compagnie de sécurité privée afin d’évaluer les dispositifs de protection du président, facilitant ainsi l’infiltration et l’exécution du plan.
Des preuves accaparées par le FBI
Autre élément troublant révélé par Hérard : le rôle du FBI après l’assassinat. Il accuse les autorités américaines d’avoir délibérément effacé des preuves cruciales pour empêcher toute enquête indépendante. Selon lui, le FBI aurait saisi tous les enregistrements des caméras de surveillance, les serveurs informatiques, les documents confidentiels du président et même son téléphone portable.
Cette intervention musclée, suivie de l’absence totale de communication des résultats de l’enquête, soulève des soupçons quant à la volonté des États-Unis de masquer leur implication dans le crime.
Une demande de déclassification du dossier adressée à Donald Trump et Marco Rubio
Estimant que les autorités américaines dissimulent des informations cruciales, Dimitry Hérard a écrit à l’ancien président Donald Trump et au secrétaire d’État Marco Rubio pour demander la déclassification du dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse.
Par cette démarche, il cherche à obtenir la publication de documents classifiés qui, selon lui, contiendraient des preuves accablantes sur l’implication de Washington dans le crime.
L’asile politique de Rockfeller Vincent et la collaboration avec les commanditaires
Dans ses déclarations, Hérard met également en cause Rockfeller Vincent, ministre de la Justice au moment des faits, qu’il accuse d’avoir cherché à obtenir l’asile politique pour échapper à ses responsabilités dans l’affaire. Il évoque aussi Joseph Félix Badio, présenté comme l’un des cerveaux du crime, qui aurait agi en étroite collaboration avec des responsables haïtiens et étrangers pour mener à bien l’assassinat.
L’extradition controversée des suspects vers les États-Unis : une ingérence judiciaire
Hérard dénonce fermement l’extradition vers les États-Unis de plusieurs suspects clés, notamment Rodolphe Jaar, John Joël Joseph et Palacios Palacios, jugés et condamnés sur le sol américain pour un crime commis en Haïti. Il critique ce qu’il considère comme une ingérence judiciaire flagrante, rappelant que le droit pénal est territorial et que ces individus auraient dû être jugés en Haïti.
Il soulève aussi le cas des Haïtiano-Américains arrêtés en Haïti, notamment James Solages, Joseph Vincent et le pasteur Sanon, qui ont également été extradés aux États-Unis, renforçant ainsi l’idée que Washington chercherait à contrôler le récit autour de l’assassinat de Jovenel Moïse.
Qui a tué Jovenel Moïse ? La réponse de Dimitry Hérard
Selon Hérard, l’assassinat de Jovenel Moïse est le fruit d’une collusion entre plusieurs forces puissantes, formant un véritable “establishment américain”. Parmi les principaux instigateurs qu’il cite, on retrouve :
L’élite économique haïtienne, notamment la famille Vorbes, qui aurait vu en Moïse une menace pour ses intérêts financiers et politiques. Les oligarques corrompus, dont plusieurs étaient opposés aux réformes économiques et politiques du président. Une frange de la classe politique, qui voyait en Jovenel Moïse un obstacle à leurs ambitions de pouvoir.
Les révélations de Dimitry Hérard apportent un éclairage nouveau sur l’affaire de l’assassinat de Jovenel Moïse, mais soulèvent également de nombreuses questions sur les implications des États-Unis et des élites haïtiennes dans ce crime.
Alors que la vérité reste encore voilée, l’ombre d’une ingérence étrangère, d’une corruption systémique et d’un jeu de pouvoir international plane toujours sur cette tragédie, laissant le peuple haïtien face à une quête de justice encore inachevée.
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