Le RNDDH écrit à Fritz Alphonse Jean pour la mise à l’écart des conseillers présidents corrompus

Ce mardi 11 mars 2025, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a adressé une correspondance à Fritz Alphonse Jean, président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), exprimant de vives préoccupations quant à la gouvernance et à l’intégrité de cette institution. Dans cette lettre, l’organisation met en exergue le non-respect des engagements pris par le CPT et dénonce la persistance de pratiques attentatoires à l’éthique et à la légalité, notamment en matière de lutte contre la corruption et l’impunité. Le RNDDH préconise donc la mise à l’écart des 3 conseillers présidentiels corrompus.

Institué par l’accord du 3 avril 2024, le Conseil Présidentiel de Transition s’était vu confier trois missions fondamentales, selon cette lettre du RNDDH dont notre rédaction dispose une copie. Le rétablissement de la sécurité publique sur l’ensemble du territoire national ; la réforme de la Constitution, visant à poser les bases d’une gouvernance plus stable et efficiente ; l’organisation d’élections transparentes et inclusives, indispensables à la restauration de la légitimité démocratique.

Par ailleurs, dès son investiture, le CPT s’était engagé à adopter une posture de fermeté absolue face à la corruption et à l’impunité au sein de l’appareil d’État. Il s’agissait de signaler clairement que toute implication dans des actes répréhensibles serait suivie de sanctions immédiates et exemplaires.

Le RNDDH souligne que, plusieurs mois après l’installation du CPT, aucune avancée notable n’a été enregistrée dans la lutte contre la corruption et la criminalité financière. Au contraire, l’organisation dénonce une situation alarmante dans laquelle : la justice demeure inopérante, ne poursuivant ni ne sanctionnant les auteurs présumés d’actes de corruption ; les violations des droits humains et les crimes de masse continuent d’être perpétrés en toute impunité ; des individus impliqués dans des scandales financiers occupent des fonctions clés au sein du CPT.

L’un des cas les plus préoccupants concerne le scandale de corruption de la Banque Nationale de Crédit (BNC), dans lequel sont inculpés trois membres du Conseil Présidentiel de Transition :Emmanuel VERTILAIRE, Louis Gérald GILLES, Smith AUGUSTIN.

Ces individus sont poursuivis pour abus de fonction, sollicitation de pots-de-vin et corruption passive. Loin de se soumettre aux exigences judiciaires, ils chercheraient activement à échapper aux poursuites en utilisant leur influence au sein de l’administration publique, selon le RNDDH.

En particulier, Emmanuel VERTILAIRE, en charge des affaires de justice au sein du CPT, est accusé de manipuler le système judiciaire en orchestrant des rencontres avec des magistrats pour influer sur le traitement de son dossier. Ce comportement constitue une atteinte grave à l’indépendance du pouvoir judiciaire et à la crédibilité du CPT.

Recommandations et exigences du RNDDH

Face à cette situation préoccupante, le RNDDH exhorte fermement le président du CPT à prendre des mesures immédiates et sans équivoque afin de rétablir l’intégrité de l’institution. Il recommande notamment : l’exclusion temporaire des trois conseillers présidentiels inculpés, jusqu’à ce que la justice statue sur leur sort ; la décharge immédiate d’Emmanuel VERTILAIRE de ses responsabilités judiciaires, afin de prévenir toute tentative d’ingérence dans le système judiciaire.

Le RNDDH insiste sur le fait que la crédibilité du CPT est aujourd’hui sérieusement entamée et que le maintien de ces individus à des postes décisionnels constitue un signal désastreux pour la population et pour la communauté internationale.

Conséquences potentielles d’une inaction

Selon le RNDDH, si ces mesures ne sont pas prises dans les plus brefs délais, les risques pour le CPT et, plus largement, pour la transition politique en Haïti, sont considérables : un discrédit total du CPT, perçu comme complice des pratiques de corruption et d’impunité qu’il était censé combattre ; une perte de confiance des citoyens, compromettant toute tentative de réforme institutionnelle et de rétablissement de l’ordre public ; un isolement diplomatique et financier, les partenaires internationaux conditionnant leur soutien à la mise en place de mécanismes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.

À travers cette correspondance, le RNDDH met ainsi, le président du CPT face à ses responsabilités historiques. Il lui appartient désormais de démontrer un engagement concret en faveur de la transparence et de la justice en prenant des décisions courageuses et immédiates.

Tout compte fait, selon l’organisation de défense de droits humains, un refus d’agir dans le sens de l’éthique et de la responsabilité ne ferait que saper davantage la crédibilité du CPT et compromettre l’avenir institutionnel du pays. À l’inverse, une action résolue pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre la corruption en Haïti et ouvrir la voie à un renouveau démocratique.

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