
Quelques heures après que le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a exigé l’annulation de la nomination de Jean Rebel Dorcénat à la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR), le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a annoncé sa dissolution.
Dans une résolution adoptée ce jeudi, le CPT met officiellement fin aux activités de la CNDDR, évoquant une « perte de confiance généralisée » envers l’institution, dont plusieurs membres sont visés par de graves accusations remettant en question leur intégrité et leur impartialité.
Selon le Conseil, cette décision s’inscrit dans la volonté de bâtir une nouvelle structure de désarmement capable de répondre efficacement aux défis sécuritaires actuels, tout en restant à l’abri de toute suspicion. Des consultations devraient prochainement être lancées avec des représentants de la société civile et des personnalités nationales afin de poser les bases d’un nouvel organe plus crédible.
Cette dissolution intervient alors que le RNDDH avait, le jour même, dénoncé avec virulence la reconduction de Jean Rebel Dorcénat à la CNDDR. Dans une correspondance adressée au Conseil, l’organisation qualifiait cette nomination de “dangereuse” et réclamait son annulation immédiate, la jugeant incompatible avec les impératifs de sécurité publique.
Le RNDDH accuse Dorcénat, porte-parole de la CNDDR depuis 2019, d’avoir renforcé les gangs au lieu de les désarmer. Il l’accuse également d’avoir joué un rôle clé dans la consolidation de groupes armés tels que G-9 An Fanmi e Alye et G-Pèp, jusqu’à leur fusion en 2024 sous la bannière de la coalition criminelle « Viv Ansanm ». L’organisation évoque aussi des liens présumés avec Jimmy Chérizier, alias “Barbecue“, et une implication alléguée dans la fourniture d’armes et de munitions.
La correspondance du RNDDH souligne que cette nomination aurait envoyé un « signal inquiétant » aux partenaires internationaux, à un moment où les États-Unis viennent de désigner Viv Ansanm et la Base Gran Grif comme organisations terroristes.
Pour l’organisation de défense des droits humains, reconduire Dorcénat aurait été une insulte aux victimes des gangs et un nouveau coup porté à la lutte contre l’impunité. Elle estime que le choix initial du CPT trahissait les engagements pris envers la population haïtienne en matière de changement et de rupture avec les pratiques passées.
La décision du CPT de dissoudre la CNDDR semble donc répondre, au moins en partie, à cette pression. Reste à savoir quelle forme prendra la future structure de désarmement et si elle saura inspirer la confiance dans un pays où l’insécurité continue de paralyser la vie quotidienne.
La Rédaction
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