L’EDE esquive sa part de responsabilité dans l’échec du CPT et se tourne vers la CARICOM

Dans une lettre datée du 14 mai 2024 et adressée au Coordonnateur du Groupe des Éminentes Personnalités (GEP) de la CARICOM, le parti politique Les Engagés pour le Développement (EDE) exprime sa “profonde inquiétude” quant au maintien du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qu’il qualifie d’échec manifeste, plongeant le pays dans un chaos institutionnel sans précédent.

Si l’EDE soulève à juste titre les problèmes liés à l’absence du référendum constitutionnel initialement prévu et le coût exorbitant du CPT (93,5 millions de gourdes par mois, selon le RNDDH), la missive révèle une posture pour le moins opportuniste. En effet, le parti EDE, tout en déplorant l’impasse actuelle, omet de faire son auto-critique et de reconnaître une éventuelle part de responsabilité dans la genèse et la prolongation des difficultés rencontrées par le CPT.

Le ton de la lettre oscille entre le constat alarmiste et un appel à l’aide extérieure, en l’occurrence à la CARICOM. L’EDE semble se dédouaner de toute implication dans les dysfonctionnements qu’il dénonce avec véhémence, préférant se positionner en observateur critique et demandeur d’une intervention régionale.

Cette démarche soulève des interrogations légitimes. En tant qu’acteur politique haïtien, l’EDE n’a-t-il joué aucun rôle, direct ou indirect, dans les blocages et les controverses qui ont miné l’action du CPT ? Il est pour le moins surprenant de voir un parti politique se plaindre amèrement d’une situation sans examiner sa propre contribution à celle-ci.

Au lieu d’une analyse interne et d’une reconnaissance d’éventuelles erreurs ou manquements, l’EDE choisit de se tourner vers la CARICOM, sollicitant son intervention pour une “réorientation du processus de transition”. Si l’implication des partenaires internationaux peut être nécessaire, elle ne saurait exonérer les acteurs politiques nationaux de leur propre responsabilité dans la recherche de solutions.

La lettre de l’EDE, bien qu’elle mette en lumière des problèmes réels et préoccupants concernant le CPT, apparaît comme une tentative de se distancer de l’échec collectif. En allant “pleurer” auprès de la CARICOM, l’EDE manque une occasion cruciale de faire preuve d’introspection et de reconnaître sa part, quelle qu’elle soit, dans la crise actuelle. Une telle démarche aurait sans doute plus de poids et de crédibilité qu’un simple appel à l’aide externe.

La Rédaction