EDE et le CPT : Quand l’architecte renie son propre ouvrage

Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), censé incarner une sortie de crise, est aujourd’hui sous le feu des critiques, y compris celles d’EDE, l’un des partis qui l’a contribué à sa mise en place. Cette volte-face soulève une question fondamentale : peut-on dénoncer une structure que l’on a aidé à bâtir sans assumer ses propres responsabilités ?

Au lendemain du chaos politique, plusieurs acteurs ont contribué à la formation du CPT, espérant instaurer une transition stable et mener le pays vers des élections crédibles. Parmi eux, le parti EDE, qui a soutenu l’établissement de cette entité et y a vu une chance de redéfinition politique. Ce même parti réclame aujourd’hui la démission du Conseil, évoquant l’impasse dans laquelle il maintient le pays.

EDE accuse le CPT d’être incapable d’assurer la sécurité, de mener les réformes nécessaires et de respecter un calendrier de transition. Pourtant, cet échec est aussi celui des fondateurs du Conseil. Renier aujourd’hui une structure dont on a été partie prenante soulève la question de la sincérité et de la cohérence politique.

Chaque mois, le CPT engloutit des millions de gourdes sans fournir de résultats concrets. Une transition qui coûte cher mais qui n’avance pas. EDE, en demandant aujourd’hui le départ du Conseil, reconnaît implicitement que l’expérience a échoué. Mais cette reconnaissance suffit-elle ? Faut-il seulement exiger la démission ou faut-il aussi proposer une alternative claire, loin des calculs électoralistes ?

Si le CPT doit partir, ceux qui l’ont mis en place doivent aussi répondre de leurs choix. Le reniement opportuniste ne peut remplacer une véritable autocritique et une proposition sérieuse de sortie de crise. Haïti n’a pas besoin de spectateurs soudainement indignés, mais d’acteurs politiques capables d’assumer leurs erreurs et de reconstruire avec lucidité.

La Rédaction