
Le débat autour du trafic d’organes en Haïti ne cesse de susciter des réactions et des interrogations. Alors que certaines voix dénoncent l’existence de réseaux clandestins, d’autres soulignent les obstacles qui rendent ce phénomène difficile à concrétiser dans le pays.
Depuis plusieurs années, des rumeurs circulent sur l’existence de réseaux de trafic d’organes en Haïti. Ces allégations ont été renforcées par des déclarations de personnalités publiques, souvent sans enquête concrète, mais évoquant des pratiques illicites sous couvert d’activités légales.
Ces rumeurs ont pris une autre ampleur à la suite d’une opération policière menée à Pétion-Ville, dans l’un des bâtiments du JBE’s Plaza, appartenant à la famille de Jean Éric Jean Baptiste, où deux cadavres avec des organes prélevés ont été retrouvés. Cette découverte a alimenté les soupçons quant à l’existence d’un réseau de trafic d’organes en Haïti.
Bien que ces opérations aient été présentées par la presse comme une action contre un réseau criminel, les preuves concrètes restent limitées. Certains observateurs dénoncent même une possible instrumentalisation politique de ces interventions.
Lors d’une intervention sur Radio Caraïbes, le Docteur Desmangles a expliqué les défis techniques et logistiques qui rendent le trafic d’organes difficile en Haïti. Selon lui, la transplantation d’organes nécessite des infrastructures médicales avancées, des équipes spécialisées et des conditions de conservation strictes, ce qui limite la faisabilité de telles opérations dans le pays.
Dans une vidéo qui circule, Docteur Philippe Desmangles conclut que la police a découvert une salle de dissection d’une université de médecine. Il explique que les cadavres avaient été achetés et conditionnés pour éviter leur décomposition, afin d’être utilisés par des étudiants pour l’étude anatomique des organes.
« Ils ont découvert une salle de dissection d’une faculté fermée depuis longtemps, » explique le docteur Desmangles. « Ne serait-ce que pour la salle d’opération, elle devrait être climatisée en permanence, car nous sommes dans un pays tropical. »
Alors que cette découverte ravive le débat, elle rappelle également les propos de Fritz Alphonse Jean, président du Conseil Présidentiel de Transition, qui a affirmé que le trafic d’organes fait partie des activités criminelles transnationales alimentant la crise haïtienne. Il a souligné que ces réseaux ne se limitent pas à Haïti, mais impliquent des acteurs étrangers profitant de l’instabilité du pays.
Toutefois, aucune enquête officielle n’a été annoncée sur ces allégations.
Dans une note publiée par la famille Jean Baptiste, celle-ci révèle que l’immeuble avait été loué à Burnett International University, qui a abandonné les locaux en octobre 2019, laissant sur place les équipements nécessaires à la formation de ses étudiants.
« La famille Jean Baptiste réfute catégoriquement toute déclaration fantaisiste sur l’utilisation des lieux à des fins macabres, » peut-on lire dans la note. « Nous déclinons toute responsabilité concernant l’usage ultérieur de ces espaces après 2019. »
D’autres aspects ont été évoqués dans ces rumeurs, notamment l’implication présumée de figures politiques, en lien avec le commerce des anguilles et des activités de contrebande, incluant potentiellement le trafic d’organes. À ce jour, aucune procédure judiciaire n’a été engagée.
Au-delà des débats sur le trafic d’organes, Haïti fait face à une crise humanitaire profonde. L’insécurité, la pauvreté et l’effondrement des institutions favorisent l’émergence de réseaux criminels exploitant la vulnérabilité de la population.
Pour faire la lumière sur ces accusations, des enquêtes indépendantes sont nécessaires. La justice haïtienne doit garantir la transparence et éviter toute manipulation politique des faits.
Entre rumeurs et réalité, le trafic d’organes en Haïti reste un sujet sensible. Si certains éléments laissent penser à l’existence de réseaux criminels, les obstacles médicaux et logistiques rendent cette pratique difficile à mettre en œuvre à grande échelle. Une approche rigoureuse et factuelle est essentielle pour éviter la désinformation et garantir une justice équitable.
La Rédaction
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