
Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) alerte sur la détérioration des conditions de détention dans les commissariats du département de l’Ouest en Haïti. Lors de son monitoring effectué en avril et mai 2025, l’organisation a recensé 289 détenus répartis sur 8 postes de police, soit une moyenne de 36 personnes par établissement. Ces cellules, conçues pour accueillir temporairement 10 personnes maximum, sont désormais transformées en prisons de fortune. Cette surpopulation expose les détenus à des conditions de vie inhumaines et dégradantes.
La situation est particulièrement critique au commissariat de Delmas 33, où 68 détenus se partagent 4 cellules, contraints de dormir en relais ou suspendus à des hamacs de fortune. À Pétion-Ville, 48 personnes, dont 7 femmes, survivent dans 2 cellules surpeuplées. À Port-au-Prince, 61 détenus sont répartis dans 5 cellules, certains enfermés depuis plus d’un an sans être auditionnés.
Les conditions sanitaires dans ces centres de rétention sont désastreuses. À Tabarre, au moins un détenu souffre de tuberculose, tandis qu’à Canapé-Vert, un autre crache du sang depuis plusieurs mois sans prise en charge médicale. À Delmas 33 et Pétion-Ville, des cas de gratelle et d’infections cutanées sont recensés, affectant particulièrement les femmes détenues.
L’absence totale de prise en charge par l’État aggrave ces conditions. Les détenus ne reçoivent ni nourriture ni soins médicaux. Ceux qui n’ont pas de proches pour leur apporter de la nourriture dépendent de la solidarité de leurs codétenus ou de l’aide ponctuelle de certains agents de police. Cette situation met en péril leur santé et leur dignité.
Le RNDDH met en lumière de nombreux cas de détention prolongée bien au-delà des 48 heures légales prévues par la Constitution haïtienne. À Petit-Goâve, cinq détenus sont gardés en moyenne huit jours, tandis qu’à Delmas 33, certains restent enfermés depuis plus d’un an sans jugement. À Pétion-Ville, plusieurs détenus arrêtés depuis 2024 n’ont toujours pas été présentés devant le Parquet.
Face à cette crise, le RNDDH exhorte les autorités à prendre des mesures urgentes, notamment l’audition immédiate des détenus, la réduction du temps de garde à vue et l’amélioration des conditions sanitaires. Il recommande également l’électrification des commissariats et la mise en place d’une assistance alimentaire pour les détenus.
Selon le RNDDH, cette situation révèle une faille systémique dans la gestion carcérale en Haïti. Laisser perdurer ces conditions met non seulement en danger les détenus, mais aussi les policiers eux-mêmes, exposés aux risques sanitaires et aux tensions engendrées par la surpopulation.
Une intervention rapide est indispensable pour garantir un minimum de respect des droits fondamentaux et restaurer la dignité des personnes en rétention. Le RNDDH insiste sur le fait que la justice et le respect des droits humains doivent rester une priorité pour les autorités haïtiennes.
La Rédaction