Médias haïtiens : entre micros et pots-de-vin

Longtemps considérés comme le quatrième pouvoir, les médias haïtiens traversent une profonde crise de légitimité. Entre dépendance financière, pressions politiques et allégeances douteuses, une large frange du paysage médiatique est aujourd’hui accusée de trahir sa mission d’informer avec honnêteté et impartialité.

De plus en plus de voix s’élèvent, aussi bien dans la société civile que parmi les journalistes eux-mêmes, pour dénoncer un système gangrené par l’argent et les influences politiques. “Certains médias diffusent ce que leur dictent leurs bailleurs, au mépris de l’éthique journalistique”, déplore un Journaliste influent d’un média de la capitale,préférant garder l’anonymat.

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il semble s’être intensifié ces dernières années dans un contexte d’instabilité politique, de crises économiques à répétition et de pressions croissantes sur les journalistes indépendants. Des émissions entières sont parfois achetées pour blanchir des figures controversées ou discréditer des opposants.

Un rapport confidentiel d’une ONG internationale, consulté par notre rédaction, fait état de “paiements réguliers” à certains journalistes pour orienter ou censurer des informations. Ces pratiques ne sont pas difficiles à prouver c’est presque connu de tous et de toute, une pratique qui sapent la crédibilité des médias auprès du public.

Nous assistons à une perte massive de confiance. Le citoyen ne sait plus à qui se fier, la solution ne pourra venir que d’une refondation profonde du secteur, reposant sur la formation, la déontologie, la transparence des financements et un engagement réel en faveur du bien commun.

Dans un pays où la presse a souvent joué un rôle de contre-pouvoir, le combat pour l’intégrité médiatique reste plus crucial que jamais. Il en va non seulement de la survie du journalisme indépendant, mais aussi de la santé démocratique de tout un peuple en souffrance.