
L’Assemblée nationale française a franchi une étape historique mercredi soir en adoptant une proposition de résolution visant à la reconnaissance, au remboursement et à la réparation de la “double dette” imposée à Haïti par la France. Ce texte, déposé le 9 avril 2025, invite officiellement le Gouvernement français à reconnaître l’injustice infligée à Haïti par l’ordonnance du 17 avril 1825. Cette décision marque un tournant significatif dans les relations entre les deux nations, longtemps marquées par cette dette controversée qui a lourdement pesé sur le développement haïtien.
L’adoption de cette résolution souligne la prise de conscience des parlementaires français des conséquences dévastatrices et des prolongements à long terme de cette dette sur l’ensemble de la société haïtienne. La proposition appelle également à une prise en considération sérieuse des demandes de remboursement formulées par Haïti, et à l’étude approfondie du processus de restitution de la “double dette” imposée. Il s’agit d’une reconnaissance explicite du préjudice historique subi par Haïti, qui a été contrainte de payer une somme colossale pour sa propre indépendance.
L’ordonnance royale de 1825 avait contraint Haïti à verser à la France une indemnité exorbitante pour la reconnaissance de son indépendance, une somme destinée à compenser les anciens colons pour la perte de leurs “propriétés”, incluant les esclaves. Cette “double dette” – celle de l’indépendance et celle de l’indemnisation des colons – a étranglé l’économie haïtienne pendant des décennies, entravant son développement et la plongeant dans une spirale de pauvreté. La reconnaissance de cette injustice est donc une victoire symbolique majeure pour Haïti.
Pour concrétiser cette démarche de reconnaissance et de réparation, les parlementaires ont appelé à la mise en place d’une commission indépendante. Cette commission aurait pour mission d’étudier les modalités de remboursement et de réparation, garantissant ainsi un processus équitable et transparent. La création d’un tel organe est essentielle pour s’assurer que les actions futures soient à la hauteur de l’ampleur de l’injustice historique et qu’elles contribuent réellement à l’amélioration des conditions de vie en Haïti.
Cette décision de l’Assemblée nationale française envoie un signal fort sur la scène internationale, reconnaissant la nécessité de confronter les héritages coloniaux et de réparer les torts du passé.
La Rédaction