Emmanuel Vertillaire : Entre rhétorique et incapacité à rétablir l’ordre

Emmanuel Vertillaire, représentant du parti Pitit Dessalines au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), porte une lourde responsabilité : celle du rétablissement de la sécurité. Son mandat, censé être dédié à la neutralisation des gangs et à la protection des populations déplacées, s’est soldé par un échec retentissant. Malgré ses déclarations affirmant qu’il ne se réclame d’aucun groupe et que sa seule loyauté va à Haïti, son incapacité à apporter des résultats concrets contraste avec son discours.

Dans ses propres mots, Vertillaire affirme que « le seul groupe auquel [il] se réclame est celui des femmes et des hommes qui vivent dans les camps de déplacés et qui ont besoin de retourner chez eux. » Pourtant, la réalité sur le terrain montre que ces personnes continuent de souffrir sous l’emprise des groupes armés. Ses promesses de neutraliser les gangs et de restaurer l’ordre républicain n’ont donné lieu à aucun changement notable. La population haïtienne reste prise en otage, tandis que le CPT s’enlise dans l’immobilisme.

Vertillaire souligne également que « le cannibalisme politique n’a jamais enfanté la paix ». Pourtant, il n’a pas su dépasser les conflits internes du CPT pour imposer une véritable stratégie sécuritaire. Les dissensions entre membres du Conseil ont fragilisé toute initiative de réforme, et au lieu de rassembler autour d’un plan d’action clair, il s’est retrouvé pris dans les querelles intestines qu’il critique. Cette contradiction dans son positionnement politique alimente la perception d’un leadership en décalage avec les réalités du pays.

Plus grave encore, il a été impliqué dans un scandale de corruption au sein de la Banque Nationale de Crédit (BNC), une affaire qui jette une ombre sur son intégrité. Ce scandale questionne la crédibilité de son engagement envers Haïti et renforce l’idée que le CPT est plus préoccupé par ses propres intérêts que par la mission qui lui a été confiée. En période de crise, une telle implication mine encore davantage la confiance populaire dans les dirigeants censés mener la transition.

Son appel à ne pas transformer la transition en un « terrain des ambitions démesurées » est ironique lorsque l’on constate l’échec du CPT à structurer une gouvernance efficace. La transition aurait dû être le socle d’un renouveau, mais sous sa responsabilité, la crise sécuritaire s’est aggravée. Haïti n’a pas avancé sur la voie du rétablissement, et les citoyens restent confrontés à une violence sans précédent.

La Rédaction