
La visite du président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, dans la commune de Pignon, accompagnée du maire de Port-au-Prince, Youri Chevry, suscite des interrogations. Si l’objectif était d’échanger avec les représentants de la société civile de Mirebalais et d’aborder la situation sécuritaire alarmante, la présence du maire de la capitale semble hors de propos. Face à l’urgence de stabilisation de Mirebalais, quel rôle pouvait-il jouer dans cette démarche, alors que sa propre commune reste en proie à une insécurité endémique ?
Les discussions ont tourné autour de la restauration de la sécurité, du soutien aux forces de police, de la relance économique et de la reconstruction de la commune après les ravages causés par les groupes armés. Autant d’enjeux cruciaux pour les habitants, mais aucun ne semble relever des attributions du maire de Port-au-Prince. En quoi sa présence a-t-elle contribué à ces échanges ? Était-ce une initiative concertée ou simplement une démarche symbolique.
Cette visite pose aussi la question de la gestion des priorités. La capitale connaît une situation chaotique où gangs armés et instabilité politique paralysent la vie quotidienne. Plutôt que de se mobiliser pour des solutions tangibles à Port-au-Prince, le maire a préféré accompagner le président du KPT à Mirebalais, ce qui donne l’impression d’une intervention déconnectée des réalités locales et des besoins immédiats de sa propre ville.
Par ailleurs, si le président du CPT a pris soin de rappeler l’importance de l’installation hydroélectrique de Péligre et la nécessité de protéger les infrastructures stratégiques du pays, aucune explication n’a été donnée quant à la présence du maire dans cette mission. Était-il là en tant qu’observateur, ou cherchait-il à élargir son champ d’action politique sans véritable impact concret pour la population qu’il représente ?
Cette visite conjointe illustre une incohérence fréquente dans la gouvernance haïtienne : des déplacements officiels dont les objectifs réels restent flous et qui peinent à rassurer une population en quête de solutions concrètes. Sans justification claire de la présence du maire de Port-au-Prince, cet épisode risque d’être perçu comme une démarche opportuniste, éloignée des réalités urgentes de la gestion municipale.
La Rédaction