Haïti : Le ciel hors de prix, la terre sans issue

En Haïti, un vol domestique reliant Cap-Haïtien à Les Cayes – une distance de moins de 50 minutes – coûte la somme exorbitante de 476 dollars américains. À titre de comparaison, une compagnie comme JetBlue propose un vol aller-retour entre New York et Fort Lauderdale, soit près de trois heures de trajet, pour 176,96 dollars US. Cherchez l’erreur.

Cette aberration tarifaire soulève une question fondamentale : à quel moment commencerons-nous à remettre en question les structures absurdes et les logiques iniques qui gangrènent notre économie ? Comment se fait-il qu’au sein même d’un pays appauvri, les citoyens doivent payer plus cher pour se déplacer localement qu’un Américain pour traverser plusieurs États ?

Il ne s’agit pas simplement d’un problème économique. C’est un scandale social, politique et moral. Dans un pays où le salaire minimum est dérisoire et l’accès aux services essentiels limité, de tels prix traduisent une forme de violence économique organisée, déguisée en normalité.

Ce déséquilibre criant reflète un pays déconnecté des réalités de son peuple, pris en otage entre des “gangs célestes” et des “gangs terrestres”, pour paraphraser un slogan devenu tristement célèbre. Pendant que certains s’enrichissent dans les airs, d’autres s’enlisent sur une terre sans routes, sans sécurité, sans justice.

Nous sommes mêlés, embourbés. Mais nous devons cesser d’être aveugles. L’indignation doit céder la place à l’action. Il est temps de kale je nou — ouvrir enfin les yeux — et de dénoncer un système qui ne sert qu’une minorité au détriment de la majorité.