Laurent Saint-Cyr, le pigeon voyageur : diplomatie en vol, mais pour quel impact sur un pays pris en otage

Le conseiller présidentiel Laurent Saint-Cyr poursuit sa tournée internationale, cette fois en marge de la Troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC3). À Nice, il a rencontré la ministre mexicaine de l’Environnement, Alicia Bárcena Ibarra, afin d’aborder la crise haïtienne sous tous ses angles, sécurité, politique, migration.

Il s’est également entretenu avec le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, à qui il a exposé l’urgence d’une force multinationale robuste en appui aux forces de sécurité nationales. Ce dernier a, pour sa part, réitéré sa volonté d’accompagner la transition et a encouragé la pleine implication des partenaires régionaux et internationaux dans la résolution de la crise haïtienne.

Une fois de plus, la diplomatie haïtienne tente de se frayer un chemin sur la scène internationale, pendant que la réalité domestique demeure verrouillée par les armes et les arrangements politiques. Malgré les échanges de haut niveau et les engagements de principe — comme la formation de soldats, la relance de bourses ou encore les promesses d’appui institutionnel — le quotidien des Haïtiens reste inchangé, rythmé par l’insécurité, la fermeture des écoles et l’effondrement des services publics.

Laurent Saint-Cyr, en remerciant le Mexique pour son appui, évoque la « relance économique » et la « construction d’un avenir meilleur ». Mais ces mots, familiers et rituels, peinent à convaincre un peuple qui voit ses hôpitaux dépérir, ses routes contrôlées par des gangs, et son avenir bloqué par un exécutif jugé déconnecté.

Derrière l’image d’un représentant affable sur la scène internationale, beaucoup perçoivent une transition en perte de cap, incapable de garantir la sécurité minimale sur le territoire.

Ce déplacement soulève donc une interrogation majeure. À quoi sert cette diplomatie en déplacement constant si elle ne débouche sur aucun changement tangible au pays ? Le Conseil présidentiel multiplie les rencontres et communiqués, tandis que les zones populaires restent sous le joug de chefs armés, et que les Haïtiens continuent de fuir une nation sans cap.

Les efforts déployés à l’extérieur ne peuvent suppléer à l’absence de volonté politique à l’intérieur. Tant que la transition se résume à des voyages, des conférences et des annonces, elle restera vide de sens pour la majorité des citoyens.

Laurent Saint-Cyr peut bien voyager — encore faudra-t-il que le pays qu’il représente cesse de sombrer. Et cela ne se fera ni depuis les salons diplomatiques ni sous les projecteurs, mais sur le terrain, aux côtés d’un peuple abandonné depuis trop longtemps.

La Rédaction