
Alors que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) peine à prouver son efficacité dans un pays au bord de l’effondrement, une question brûle toutes les lèvres : pourquoi envisager de confier les rênes du pouvoir à Laurent St-Cyr, un homme dont le nom reste associé aux mêmes sphères de pouvoir économique et politique que beaucoup jugent responsables du marasme actuel ?
Depuis sa création, le CPT n’a cessé de décevoir. Instabilité chronique, luttes intestines, absence de vision stratégique, échec des réformes urgentes : le Conseil semble être devenu un organe de blocage plutôt que de transition. Pire encore, ses membres, choisis sous prétexte de représenter la diversité haïtienne, se sont enfermés dans un entre-soi diplomatique, éloigné des réalités du pays.
Sur le plan sécuritaire, le CPT n’a offert aucune réponse crédible à la prolifération des gangs armés qui contrôlent désormais des portions entières du territoire national. Sur le plan économique, l’inflation galope, la gourde chute, et les investissements étrangers fuient un pays devenu invivable. Quant à l’organisation d’élections, mission fondamentale du CPT, elle reste au stade de promesses vagues et de comités sans effets.
Laurent St-Cyr l’homme de la continuité
Dans ce contexte, la proposition de confier le leadership exécutif à Laurent St-Cyr étonne, voire scandalise. Ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie, acteur reconnu du secteur privé, il incarne pour beaucoup une élite économique perçue comme déconnectée du peuple et complice d’un système corrompu.
Ses partisans soulignent ses qualités de gestionnaire et sa prétendue capacité à “stabiliser” le pays. opération de recyclage politique. Laurent St-Cyr ne représente pas le renouveau espéré par la population, mais plutôt une continuité d’intérêts privés déguisés en mission publique.
Le peuple haïtien, largement exclu des débats, assiste impuissant à un jeu de chaises musicales où les visages changent, mais où les pratiques restent les mêmes.
Un pouvoir en déroute, un peuple en attente
Replacer Laurent St-Cyr au sommet du pouvoir, dans un contexte de faillite généralisée du CPT, pose une question fondamentale : s’agit-il d’une tentative sincère de redresser le pays ou simplement d’une nouvelle manœuvre pour préserver les intérêts d’une minorité au détriment de la majorité ?
Haïti n’a plus besoin de gestionnaires de façade. Elle a besoin de vision, de courage politique et d’un vrai contrat social. Continuer à faire du neuf avec du vieux, c’est condamner le pays à tourner en rond dans sa propre tragédie.