
À l’occasion du 30ᵉ anniversaire de la Police Nationale d’Haïti (PNH), le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) dresse un constat sans complaisance de l’état de l’institution. Créée pour être une force républicaine et apolitique, la PNH peine à assumer sa mission dans un contexte de violence extrême. De nombreux agent ont dû fuir leurs quartiers envahis par les gangs armés.
Malgré l’adoption d’un “budget de guerre” en avril 2025, seulement 27 % des ressources sont allouées aux investissements, le reste couvrant principalement les salaires. Le RNDDH déplore que les équipements essentiels – armes, gilets pare-balles, véhicules blindés – proviennent quasi exclusivement de dons étrangers, exposant ainsi les policiers à un déséquilibre face à des groupes armés suréquipés.
Le rapport souligne aussi l’insuffisance criante des salaires, la rareté des primes de risque et l’absence de mécanismes efficaces pour indemniser les blessés ou soutenir les familles des policiers tués. Le moral des troupes est fortement entamé par une stagnation professionnelle, des procédures administratives longues, et le peu de reconnaissance accordée à leur engagement.
Côté formation, quelques progrès sont à noter. Plusieurs vagues de recrutement ont été menées, des sessions de formation continue ont eu lieu, notamment grâce au soutien d’alliés étrangers. Le renforcement de certaines unités spécialisées et l’intégration de nouvelles compétences, comme la maîtrise des drones, sont autant de signaux encourageants, bien que limités face à l’ampleur du défi sécuritaire.
La Task Force déployée pour lutter contre les gangs, bien qu’elle ait neutralisé plusieurs centaines de criminels, reste critiquée pour son manque de coordination avec les forces de l’ordre sur le terrain. Le RNDDH s’inquiète d’une gestion trop politisée des opérations, qui affaiblit leur efficacité et compromet la pérennité des avancées obtenues.
Le RNDDH conclut en appelant à une réforme en profondeur de la PNH , la revalorisation des agents, mise en œuvre réelle des décrets existants, dotation en moyens adaptés, et implication directe de la police dans la planification des opérations. Pour l’organisation, seul un engagement sincère de l’État en faveur de sa force publique permettra d’enrayer l’insécurité chronique qui gangrène la société haïtienne.
La Rédaction