
L’affaire Jovenel Moïse demeure enfermée dans les travers d’un système judiciaire à bout de souffle. Les inculpations se sont multipliées, les annonces aussi, mais le procès lui-même semble toujours hors de portée, nourrissant le désespoir et la colère de la population.
Dans ce climat d’incertitude, la récente convocation de plusieurs figures politiques et sécuritaires – parmi lesquelles Martine Moïse et Claude Joseph – relance brièvement l’attention. Toutefois, aucune mise en examen concrète n’a encore suivi ces auditions. Le scepticisme grandit quant à la présence effective de ces personnalités, souvent perçues comme intouchables dans une société où le pouvoir politique défie fréquemment la justice.
Léon Charles, ancien directeur général de la PNH, et Dimitri Hérard, ex-responsable de la sécurité générale du Palais national, figurent également sur la liste des convoqués. Tous deux étaient aux commandes de la protection présidentielle le jour de l’attaque, mais n’ont pas réagi alors que les commandos colombiens entraient dans la résidence du chef de l’État sans résistance.
Le processus judiciaire, lui, reste englué. Cinq juges d’instruction se sont successivement retirés du dossier, invoquant épuisement ou menaces. Faute de conditions de sécurité adéquates, certaines auditions se déroulent en dehors des tribunaux, dans des lieux privés, éloignant toujours plus la justice de son devoir de transparence.
Pendant ce temps, des procès s’organisent à l’étranger. Des suspects sont jugés ou attendus devant des tribunaux américains, alimentant un sentiment d’abandon chez les Haïtiens. Le dossier Moïse est plus que jamais le reflet des profondes fissures institutionnelles du pays — et chaque jour sans procès enfonce un peu plus le clou de la défiance.
La Rédaction