Madan Sara : entre discours politiques et insécurité chronique

Figures incontournables de l’économie haïtienne, les Madan Sara assurent la distribution de produits alimentaires dans un pays où les institutions peinent à remplir leurs fonctions. Pourtant, leur quotidien est désormais marqué par la peur, les exactions, et les obstacles dressés par des groupes armés sur les principaux axes routiers.

Une étude conjointe de la Banque de la République d’Haïti et de RAMSA révèle l’ampleur des conséquences : hausse vertigineuse des coûts logistiques, effondrement des circuits traditionnels de distribution et paupérisation accrue de milliers de familles.

Ces constats jettent une lumière crue sur le décalage entre les réalités vécues et les propos tenus par Emmanuel Vertilaire lors de sa récente rencontre avec les représentantes de RAMSA.

L’ironie est manifeste : alors que le Conseil Présidentiel de Transition revendique son soutien aux Madan Sara, il n’est pas parvenu à libérer la moindre voie stratégique en un an.

La rencontre du 20 juin, bien qu’officielle, donne l’impression d’un simulacre. Derrière les mots rassurants et les éloges de circonstance, aucune mesure tangible n’a été annoncée. Pendant ce temps, les Madan Sara continuent de risquer leur intégrité physique pour maintenir un minimum de stabilité dans l’économie parallèle.

Si l’État souhaite véritablement les soutenir, il devra commencer par garantir un droit fondamental : celui de se déplacer sans crainte sur le territoire national.

Sans cette condition minimale, toutes les promesses resteront lettres mortes, et les gestes symboliques, de simples opérations de façade.

La Rédaction