
Cinq jours après l’offensive meurtrière de groupes armés contre la commune de La Chapelle, dans le département de l’Artibonite, le gouvernement de facto demeure silencieux. Aucun communiqué, aucune annonce, aucun signe d’action de la part du Premier ministre de facto, pourtant chef du Conseil supérieur de la Police nationale. Pendant ce temps, les civils fuient en masse, abandonnés à leur sort.
Selon l’Organisation des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), l’assaut a fait six morts et déplacé près de 8 890 personnes. Le commissariat a été incendié, plusieurs maisons réduites en cendres — les habitants ont vu leurs repères s’effondrer en quelques heures. La commune est désormais considérée comme un territoire passé sous contrôle des assaillants.
Face à cette tragédie, la population n’a eu d’autre choix que l’exode. La majorité des déplacés (91 %) a trouvé refuge dans d’autres communes de l’Artibonite, tandis qu’une minorité s’est repliée vers le département de l’Ouest. L’accueil s’est organisé à la hâte, principalement dans des familles volontaires — 95 % des déplacés y sont hébergés, selon l’OCHA.
Mais 5 % d’entre eux vivent dans des sites improvisés, privés de services essentiels. Sans réponse étatique, ce sont les réseaux de solidarité informels qui tentent de combler le vide. Ce modèle précaire ne pourra tenir sans appui logistique, humanitaire et institutionnel.
Ce nouvel épisode symbolise l’effondrement de l’État dans plusieurs régions du pays. La Chapelle n’est pas un cas isolé, mais un point de plus sur la carte des territoires abandonnés. Et chaque jour de silence officiel creuse davantage la fracture entre un pouvoir absent et une population livrée à elle-même.
La Rédaction