
Dans un document adressé au Groupe des Personnalités Eminentes de la CARICOM, le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana (BSA) tire la sonnette d’alarme sur une aggravation de la crise haïtienne à la suite de la récente résolution de l’OEA, présentée par le CPT. Cette résolution impose l’élaboration d’un plan d’action pour Haïti sous l’égide du Secrétaire général de l’OEA, une décision que le BSA considère comme l’officialisation d’une tutelle coloniale.
Le BSA dénonce le rôle actif du Conseil Présidentiel de Transition dans cette initiative, l’accusant d’avoir sollicité lui-même une telle ingérence étrangère. Le document évoque même une « tâche sacrilège » perpétrée par une autorité dépourvue de toute légitimité populaire, à laquelle il reproche d’avoir trahi l’esprit de l’Accord du 3 avril, issu d’une dynamique strictement haïtienne.
Sur le plan régional, le texte critique également la République dominicaine, dénonçant ses pratiques xénophobes et ses actes d’agression contre les migrants haïtiens. Le BSA met en lumière le paradoxe d’un pays voisin qui maltraite les Haïtiens tout en profitant largement de leur force de travail et de sa position économique dominante dans la sous-région.
Quant à la CARICOM, accusée d’avoir dévoyé sa mission de médiation, le BSA l’appelle à changer de posture. Il l’invite à devenir une plateforme d’écoute fidèle de la société civile haïtienne plutôt qu’un instrument de validation des logiques de pouvoir en place.
L’appel du BSA dépasse le simple rejet des ingérences étrangères : il s’agit d’une invitation à la refondation. Le mouvement lance un plaidoyer pour une transition refondatrice, impliquant des citoyennes et citoyens intègres de l’intérieur et de la diaspora, afin de rompre définitivement avec les schémas de gouvernance corrompue.
Enfin, le BSA clôt sa déclaration par un acte de mobilisation : « Asseyons-nous. Écoutons-nous. Organisons-nous. » Le salut national, selon lui, ne viendra ni de l’OEA ni de la CARICOM, mais d’une réappropriation de la souveraineté par le peuple haïtien lui-même.
La Rédaction