Les évêques haïtiens dénoncent l’effondrement de l’État et des institutions, mais oublient leur propre implication

La Conférence Épiscopale d’Haïti (CEH) a publié une déclaration dans laquelle elle dénonce l’effondrement généralisé du pays. Pour les évêques, la société haïtienne est plongée dans un chaos profond, où les institutions s’effritent et la population vit sous la menace constante de la violence.

Dans un langage empreint de gravité morale, les prélats s’adressent à la nation et aux autorités, les appelant à restaurer l’État de droit et la dignité humaine. Ils invoquent la lumière de l’Évangile pour sortir du désespoir ambiant et retrouver un chemin d’espérance et de justice.

Dans ce message, il y a un silence gênant sur l’implication de l’Église. La Conférence passe sous silence un élément majeur, à savoir la mise en cause de l’Église catholique dans la dégradation du climat sécuritaire.

Plusieurs conteneurs d’armes illégalement entrés dans le pays via des institutions religieuses ont été saisis ces dernières années.

Des enquêtes ont révélé que certaines cargaisons dédouanées au nom de structures ecclésiastiques ont alimenté les gangs armés. Ce lourd passé affaiblit la portée morale de leur dénonciation actuelle.

La CEH décrit une réalité sombre d’Haïti, dont l’Église elle-même a contribué à installer : un État inexistant, un territoire livré à la loi des armes et une population traumatisée. Les évêques dénoncent la profanation des lieux de culte, la destruction du patrimoine sacré et la perte de repères spirituels et culturels.

La CEH alerte sur le risque d’instrumentalisation politique de l’avant-projet de Constitution de 2025.

Elle appelle à un dialogue national sincère et inclusif. Mais pour que cet appel soit crédible, encore faut-il que l’Église reconnaisse pleinement ses propres responsabilités dans le drame national en cours.

La Rédaction