Roody Sanon sommé par le MICT : entre ultimatum légal et exigence de rectification

À travers un communiqué émanant de sa direction générale, le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT) a élevé le ton contre le journaliste Roody Sanon, exigeant des excuses publiques et le retrait immédiat de ses propos, qualifiés d’« intempestifs » et « erronés ». Le ministère conteste les affirmations du journaliste sur le versement d’arriérés de salaires à l’endroit de Madame Edwine Tonton, incarcérée lors de la période visée.

Le MICT, en établissant un ultimatum de 72 heures, demande à Roody Sanon de se rétracter par les mêmes canaux qu’il a utilisés, ou à défaut, de fournir des preuves irréfutables concernant ses accusations. Ce délai, qui prend effet à partir du lundi 28 juillet 2025, traduit la posture ferme du ministère en matière de gestion de l’information institutionnelle et envoie un signal sur les sanctions possibles en cas de non-conformité.

En filigrane, cette mise en demeure souligne la volonté du MICT de défendre non seulement son image mais aussi sa souveraineté face aux attaques qu’il considère comme diffamatoires. Le communiqué laisse entendre que tout refus ou silence de la part du journaliste entraînera une suite légale, que le ministère se dit prêt à entreprendre. Cette position interpelle les normes de redevabilité dans le champ médiatique haïtien, où l’exercice critique se heurte parfois à des frontières juridiques tendues.

Dans ce contexte, l’exigence d’excuses publiques et de preuves factuelles ne relève pas simplement d’un désaccord ponctuel, mais révèle une tentative d’établir un précédent quant au contrôle de la parole journalistique. Elle met en tension deux principes fondamentaux : la liberté d’expression et la protection de l’intégrité des institutions.

La réaction du MICT ouvre ainsi un débat complexe sur l’usage de la parole publique, les responsabilités qui en découlent, et les mécanismes de régulation en vigueur. Alors que l’opinion publique navigue entre méfiance et mobilisation citoyenne, cet affrontement s’inscrit dans une dynamique plus large de reconfiguration des rapports entre presse libre et pouvoir étatique.

La Rédaction