
Alors que la crise haïtienne atteint un point critique, l’Organisation des États américains (OEA) a dévoilé une feuille de route stratégique visant à ramener la stabilité, restaurer la gouvernance et soutenir le redressement économique du pays. Ce plan, élaboré en consultation avec la CARICOM, les Nations Unies et d’autres partenaires, repose sur cinq piliers d’action essentiels.
Haïti traverse l’une des pires crises de son histoire récente. Près de 90 % de Port-au-Prince est aujourd’hui sous contrôle de gangs armés. En 2024, plus de 5 600 personnes ont perdu la vie dans des violences liées à l’insécurité, tandis qu’environ 1,3 million d’Haïtiens ont été déplacés. Le pays vit sous la menace constante d’un effondrement institutionnel total.

Face à ce constat alarmant, l’OEA propose une réponse structurée autour de cinq axes : sécurité, gouvernance, légitimité électorale, aide humanitaire et développement économique. L’objectif est clair : assurer une transition efficace et crédible d’ici la fin du mandat du Conseil présidentiel de transition (CPT), fixé au 7 février 2026.
Le pilier sécuritaire est central. Il prévoit un soutien logistique accru à la Police nationale d’Haïti (PNH) et à la mission multinationale dirigée par le Kenya (MSS), ainsi que la création de bases opérationnelles avancées dans les zones les plus à risque. L’idée est de permettre un retour progressif de l’autorité de l’État dans les zones contrôlées par les gangs.
Sur le plan politique, la feuille de route appelle à un dialogue national inclusif en vue de réformer en profondeur les institutions haïtiennes. Une nouvelle Constitution, déjà en discussion, devrait permettre de rééquilibrer les pouvoirs, renforcer la gouvernance locale et garantir une meilleure indépendance de la justice.
Côté électoral, l’OEA propose un calendrier progressif visant l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives sous supervision internationale. L’enjeu est de restaurer la légitimité démocratique du pouvoir tout en assurant la participation des déplacés internes et des populations isolées.
La situation humanitaire est elle aussi dramatique : plus de 4,7 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, 60 % n’ont pas accès à l’eau potable et seuls 30 % peuvent bénéficier de soins de santé de base. La feuille de route met l’accent sur l’accès rapide à ces services vitaux dans les zones les plus touchées.
Sur le front économique, le document propose une stratégie de relance axée sur les infrastructures, l’emploi local et le soutien aux petites entreprises. Il envisage également une conférence internationale des donateurs pour mobiliser les ressources nécessaires, en partenariat avec la Banque interaméricaine de développement.
Toutefois, l’OEA reconnaît que le succès de cette feuille de route dépendra du leadership national haïtien et d’un appui international coordonné. Le document insiste sur l’appropriation haïtienne du processus, afin de garantir sa durabilité et sa légitimité auprès de la population.
À quelques mois d’une échéance politique cruciale, cette feuille de route représente peut-être la dernière chance pour Haïti de sortir de l’impasse. Encore faut-il que les promesses soient tenues, que les financements arrivent à temps et que les institutions nationales puissent enfin fonctionner.
Les cinq piliers du plan OEA :
Stabilisation de la sécurité, avec un appui renforcé à la Police nationale d’Haïti (PNH) et à la mission MSS dirigée par le Kenya.
Consensus politique, à travers un dialogue national inclusif et la refonte du système de gouvernance.
Élections libres et crédibles, prévues avant février 2026, avec le soutien logistique et technique de l’OEA.
Réponse humanitaire, visant à soulager les millions d’Haïtiens privés d’accès à l’eau potable, aux soins ou à l’éducation.
Relance économique, avec des investissements ciblés dans les infrastructures, les PME et les services publics.
La Rédaction