
“Chak fwa lapli ap tonbe, nou ap priye pou miray la pa tonbe sou nou “
Fondée en 1971 dans la localité de Fond-Melon Michineau, au sein de l’habitation Georges 2, dans la commune de Cayes-Jacmel, l’École nationale de Fond-Melon est aujourd’hui en piteux état. Cinquante-quatre ans après son ouverture, le bâtiment qui accueille des centaines d’élèves est pratiquement en ruine. Les murs sont fissurés, le toit est partiellement effondré, et plusieurs salles de classe n’ont ni fenêtres, ni portes, ni même de bancs en état d’usage.
Cette école publique, qui a vu passer plusieurs générations d’enfants de familles modestes, constitue depuis des décennies l’unique espoir éducatif d’une zone rurale enclavée. Pourtant, depuis plusieurs années, les autorités locales, départementales et nationales semblent avoir oublié son existence. Parents et enseignants tirent la sonnette d’alarme. Les élèves confient leur peur de fréquenter un bâtiment devenu dangereux, où le moindre séisme ou orage pourrait virer au drame.
Des démarches ont été entreprises par des membres de la communauté, des lettres ont été envoyées à la Direction Départementale d’Éducation du Sud-Est, mais aucune réponse concrète n’a été donnée jusqu’à présent. Ce silence de l’État face à une situation aussi critique soulève des interrogations légitimes sur la volonté des autorités de garantir l’égalité d’accès à une éducation digne à tous les enfants haïtiens, qu’ils soient des villes ou des campagnes.
Il ne s’agit pas ici seulement de réparations cosmétiques, mais d’une reconstruction complète du bâtiment scolaire. C’est une exigence, un impératif. Car derrière les murs délabrés de cette école, c’est toute une génération qui risque de sombrer dans l’oubli, faute de pouvoir apprendre dans un environnement adéquat. En 2025, il est inconcevable qu’un établissement public soit abandonné dans un tel état d’insalubrité.
La situation de Fond-Melon Michineau n’est pas isolée. Selon un rapport interne de la Direction Départementale d’Éducation du Sud-Est, près de 42 % des écoles publiques rurales du département nécessitent une réhabilitation urgente. L’abandon de ces établissements contribue à l’augmentation du décrochage scolaire, à la migration précoce des jeunes vers les villes et au maintien d’un cercle vicieux d’exclusion et de pauvreté.
Face à cette urgence, il est temps que l’État haïtien entende l’appel de Fond-Melon. Il en va non seulement de la sécurité des enfants, mais aussi du respect d’un droit fondamental : celui à une éducation publique de qualité, gratuite et accessible. Laisser cette école mourir, c’est renoncer à l’avenir d’une communauté entière.