
La rencontre tenue hier entre Laurent Saint-Cyr, coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), et l’ancien président Jean-Bertrand Aristide n’est pas un simple échange de courtoisie politique. Elle s’inscrit dans un contexte de crise nationale profonde, où chaque geste, chaque mot et chaque alliance peut peser lourd sur l’avenir immédiat d’Haïti.
Laurent Saint-Cyr, représentant officiel d’un CPT déjà contesté, se retrouve face à un leader historique dont l’influence, bien que silencieuse, reste palpable dans certains secteurs populaires. Aristide, figure clivante, incarne pour ses partisans la résistance et pour ses détracteurs les ambiguïtés de la politique haïtienne. Leur tête-à-tête soulève donc des questions brûlantes : s’agit-il d’une tentative de rallier une base populaire en perte de confiance ? D’un calcul stratégique pour donner plus de légitimité au CPT ? Ou encore d’un signal envoyé à la communauté internationale que des ponts sont en train de se bâtir entre anciens adversaires ?
Dans un pays où la gouvernance s’effondre et où les gangs imposent leur loi, la population attend plus qu’un spectacle politique. Ce que réclame le peuple, c’est un véritable pacte pour la sécurité, la justice et la relance économique. Mais l’histoire récente nous apprend que trop de rencontres en Haïti n’accouchent que de promesses creuses, vite emportées par la tempête des intérêts particuliers.
La mémoire collective garde en effet le souvenir du passage de Lesly Voltaire, représentant de Fanmi Lavalas, à la tête du CPT, qui n’a pas permis de résoudre la question brûlante de l’insécurité. Aujourd’hui, la population espère que cette nouvelle initiative ne s’inscrira pas dans la longue tradition des démarches qui font perdre un temps précieux pendant que le pays sombre.