
Le drame humanitaire haïtien se mesure à travers des chiffres glaçants : plus de 1,3 million de personnes déplacées, dont la moitié sont des enfants, 3 000 morts depuis janvier, et deux millions de personnes au bord de la famine. Mais pour Ulrika Richardson, haute fonctionnaire onusienne, ces données ne sont que la surface d’une réalité beaucoup plus crue, où chaque statistique correspond à un visage, une histoire, une vie brisée.
Forte de trois années passées sur le terrain, cette diplomate d’origine suédoise dit avoir été impressionnée par la force morale des Haïtiens. Elle se souvient d’une femme, victime de viols à répétition, qui continue de se battre pour vivre et réclamer justice.
Elle évoque aussi le désespoir des familles contraintes de laisser derrière elles un parent vulnérable pour fuir les violences armées.

La crise touche tous les secteurs vitaux : des enfants enrôlés par les gangs, des écoles fermées, des hôpitaux paralysés – et à Port-au-Prince, seulement un tiers des structures médicales fonctionne pleinement. Cette paralysie fragilise encore davantage une population déjà à bout.
Selon Richardson, la communauté internationale possède pourtant les leviers nécessaires : sanctions, embargo sur les armes, mission multinationale conduite par le Kenya. Mais le plan humanitaire n’est financé qu’à 9 %, un taux historiquement bas.
Elle insiste sur la nécessité de couper l’approvisionnement en armes, de briser les alliances entre criminels et élites, et d’armer correctement les forces de sécurité étrangères déployées.
Malgré la gravité de la situation, elle refuse le fatalisme. Haïti, dit-elle, possède un territoire riche, une population créative et une diaspora mobilisée. Avec un engagement politique sincère et des moyens adéquats, elle croit possible de déclencher une dynamique de stabilité et de prospérité.
La Rédaction