
Dans sa chronique Écono Plus de ce jeudi, l’économiste Enomy Germain est revenu sur un constat déjà largement partagé dans la société haïtienne : la concurrence déloyale dans l’économie et dans la politique alimente directement le phénomène du banditisme. Ce n’est pas une révélation nouvelle, mais une réalité connue de tous et qui continue de miner le pays.
Il rappelle que, depuis longtemps, les règles fixées pour réguler les secteurs stratégiques de la vie nationale sont bafouées. Dans l’économie comme dans la politique, les acteurs s’arrangent pour contourner la loi, refusant de jouer le jeu de la transparence et de l’équité.
Cette absence de régulation ouvre la voie à toutes sortes de dérives. Dans ce contexte, beaucoup de ces acteurs n’hésitent pas à recourir à des individus armés pour affaiblir ou neutraliser leurs concurrents.
Ce mécanisme, connu de tous mais rarement combattu efficacement, a contribué à donner une place centrale aux gangs dans le paysage haïtien.
Au fil du temps, ces groupes armés se sont détachés de leurs commanditaires pour devenir économiquement autonomes. En s’imposant par la violence et par leurs propres activités criminelles, ils sont devenus un pouvoir parallèle, exerçant une emprise croissante sur la vie des citoyens, sur le secteur privé et sur la classe politique.
Cette situation, insiste Germain, fragilise profondément le pays. Elle décourage les entrepreneurs respectueux des lois, affaiblit le tissu économique et nourrit une instabilité qui freine toute perspective de développement.
Elle contribue aussi à réduire davantage la confiance de la population envers l’État et ses institutions.
Sur le plan politique, les exactions des gangs créent un environnement propice à l’accaparement du pouvoir par des groupes dépourvus de toute légitimité électorale.
Par exemple, le Conseil présidentiel de transition de neuf membres, dont trois sont impliqués dans un scandale de corruption, continue de siéger malgré un rapport accablant de l’Unite de Lutte Contre la Corruption (ULCC) sur leurs irrégularités.
C’est ce cercle vicieux, bien connu mais rarement brisé, qui entretient la crise politique et sécuritaire actuelle.
La Rédaction