La République dominicaine est touchée par un scandale impliquant certains de ses agents de police dans un trafic d’armes et de munitions destiné à des gangs en Haïti. Selon une enquête menée par les autorités locales et relayée par le média dominicain Acento, plusieurs policiers auraient dérobé des munitions au sein de la Police nationale dominicaine pour les revendre illégalement aux gangs opérant à Port-au-Prince.
D’après les informations recueillies, un réseau d’agents corrompus au sein de la police dominicaine aurait profité de ses accès et de sa connaissance des arsenaux pour détourner des munitions. Ces dernières étaient ensuite acheminées vers la frontière avec Haïti, où elles étaient remises à des intermédiaires haïtiens au profit des gangs armés.
Les autorités haïtiennes ont d’ailleurs joué un rôle clé dans la découverte de ce trafic, en alertant leurs homologues dominicains sur l’existence de ce réseau criminel. Malgré le démantèlement partiel du réseau, l’enquête menée par le ministère public dominicain reste en cours. Néanmoins, les autorités ont choisi de ne pas divulguer les identités des suspects ni la quantité exacte de munitions volées.
Lors d’une déclaration récente, le ministre dominicain de l’Intérieur et de la Police, Faride Raúl, a reconnu l’ampleur du scandale en affirmant que plus d’un ou deux policiers étaient impliqués dans ce trafic. Il a promis que le ministère public communiquerait, en temps voulu, les noms des agents impliqués, ainsi que leurs grades et les modalités précises de cette opération illicite.
Selon des sources confidentielles citées par Acento, l’un des principaux suspects serait un officier proche du Général de Division Ramón Guzmán Peralta, directeur général de la police. Cette information, bien que troublante, n’a pas encore été confirmée par les autorités.
Des mesures disciplinaires déjà en cours
Dans la foulée de ces révélations, le Colonel Narciso Feliz Romero, qui occupait le poste d’Intendant des Armes de la Police nationale, a été relevé de ses fonctions. L’institution a justifié cette décision comme un changement de routine, bien qu’elle coïncide avec les enquêtes en cours.
Le ministère de l’Intérieur dominicain a promis de mettre en place des mécanismes de supervision renforcés pour prévenir la récurrence de tels incidents.
Un trafic d’armes qui ne date pas d’hier
Ce n’est pas la première fois que des munitions d’origine dominicaine sont retrouvées en possession de criminels haïtiens. En novembre 2022, les forces du CESFRONT (Corps spécialisé de sécurité frontalière) ont intercepté deux femmes haïtiennes à la frontière, en possession de 22 160 munitions, dont 12 000 cartouches de calibre 7,62 mm et 10 160 cartouches de calibre 5,56 mm. L’origine exacte de ces munitions n’a jamais été précisée, mais cette saisie est venue renforcer les soupçons sur l’existence d’un trafic illégal transfrontalier.