En seulement quatre jours, plus de 20 000 habitants de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, ont été contraints de fuir leurs foyers en raison de l’intensification de la violence des gangs. Parmi eux, plus de 17 000 personnes ont trouvé refuge dans 15 sites de déplacement temporaire, illustrant une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent.
Les violences des gangs ont gravement perturbé les chaînes d’approvisionnement, isolant Port-au-Prince du reste du pays. La fermeture du trafic aérien, conséquence directe de tirs ciblés contre trois avions commerciaux survolant la ville, a exacerbé l’isolement de la capitale. En parallèle, l’accès au principal port maritime est restreint et les routes sont devenues dangereuses en raison de la présence de groupes armés, plongeant la métropole de Port-au-Prince dans une paralysie presque totale.
Des déplacements forcés et répétés
De nombreuses familles déplacées ont dû fuir à plusieurs reprises, laissant derrière elles leurs maigres possessions. Ces mouvements massifs de population s’accompagnent d’une grande précarité, car les personnes déplacées sont souvent obligées de tout abandonner pour échapper à la violence. Les gangs, autrefois divisés par des conflits territoriaux, unissent désormais leurs forces pour défier une Police nationale en sous-effectif et manquant de ressources.
Un bilan humain alarmant
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, la violence liée aux gangs a causé près de 4 000 morts en 2024. La situation des femmes et des enfants est particulièrement préoccupante : 94 % des femmes et des filles déplacées sont exposées à un risque accru de violences, y compris sexuelles, utilisées comme armes de terreur. Les violences sexistes ont atteint des niveaux critiques, soulignant la vulnérabilité extrême des populations civiles.
L’appel à une aide internationale urgente
Face à cette crise humanitaire, Grégoire Goodstein, chef de mission de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Haïti, a exprimé son inquiétude :
« L’isolement de Port-au-Prince amplifie une situation humanitaire déjà désastreuse. Notre capacité à fournir de l’aide est poussée à ses limites. Sans un soutien international immédiat, les souffrances s’aggraveront de manière exponentielle. Avec seulement 20 % de la ville accessible, les travailleurs humanitaires rencontrent d’immenses difficultés pour atteindre les populations touchées. »
Malgré ces obstacles, l’OIM et ses partenaires poursuivent leurs efforts pour soutenir les déplacés internes en leur offrant des subventions au loyer, des cliniques mobiles fournissant des soins médicaux de base, ainsi que des services de protection tels que le soutien psychosocial et l’assistance aux survivants de violences basées sur le genre. L’acheminement de l’eau potable par camion et la coordination des sites de déplacement font également partie des interventions cruciales en cours.
L’OIM insiste sur le respect des principes humanitaires dans ce contexte de crise, appelant à garantir la sécurité des civils et des travailleurs humanitaires. En novembre, le plan de réponse humanitaire des Nations Unies, qui nécessitait 674 millions de dollars, n’était financé qu’à 42 %, laissant de nombreux Haïtiens sans aide essentielle.
L’organisation appelle la communauté internationale à intensifier ses efforts de soutien financier et logistique pour répondre aux besoins croissants en Haïti. En l’absence d’une aide accrue, des millions de personnes risquent de se retrouver sans le soutien nécessaire pour survivre à cette crise.