
Le 12 novembre 2025, plusieurs partis politiques et organisations haïtiennes ont signé un nouveau consensus politique censé réorienter la transition nationale.
Officiellement, ce texte entend marquer la fin du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), dont le mandat expire le 7 février 2026, et inaugurer une nouvelle gouvernance d’un an, devant s’achever le 7 février 2027. Mais derrière les promesses de ces structures, une continuité troublante se dessine.
Le consensus affirme vouloir sortir Haïti de l’impasse constitutionnelle et sécuritaire. Pourtant, nombre de signataires sont les mêmes qui avaient soutenu ou participé au CPT, sans reconnaître leur rôle dans son échec. Aucun bilan autocritique n’est formulé, aucune responsabilité assumée.
Le document dresse un constat sévère : 85 % de Port-au-Prince sous contrôle armé, 1,4 million de déplacés, une inflation à 31,9 %, et six années de récession. Mais ces chiffres sont présentés comme des fatalités, sans interroger les décisions politiques qui ont mené à cette situation.
La transition proposée repose sur un exécutif bicéphale, désigné par une Commission Nationale. Or, ce mécanisme opaque pourrait favoriser des arrangements entre élites, loin des préoccupations populaires. Le risque d’une reconduction déguisée des mêmes figures est réel.
Le président de transition, choisi parmi des juges ou des personnalités dites « neutres », exercera jusqu’au 7 février 2027. Mais aucune garantie n’est donnée quant à son indépendance vis-à-vis des groupes politiques déjà discrédités.
Le gouvernement technique, dirigé par un premier ministre désigné par consensus, est présenté comme une solution. Pourtant, les partis signataires conservent un pouvoir d’influence majeur sur sa composition, ce qui compromet son autonomie.
Le Comité National de Suivi (CNSCT) est censé garantir la redevabilité. Mais sa structure, dominée par des représentants politiques, soulève des doutes sur sa capacité à sanctionner les dérives. Le risque d’un contrôle partisan de la transition est palpable.
Le calendrier électoral est verrouillé : élections au plus tard fin 2026, passation du pouvoir en février 2027. Mais l’histoire récente montre que ces engagements sont souvent contournés. Le consensus ne prévoit aucun mécanisme populaire de vérification.
Cette nouvelle transition semble moins orientée vers la reconstruction d’Haïti que vers la préservation d’intérêts politiques et économiques. Elle offre aux mêmes acteurs une année supplémentaire pour consolider leur position, sans rendre de comptes sur l’échec du CPT.
La Rédaction

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